Près de Poitiers, ils lancent leur entreprise de recyclage et de revente de vêtements

Ils ont 25 ans et ils se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale. Trois amis poitevins ont créé Origin pour recycler et revendre toute sorte de textile : vêtements, chaussures, maroquinerie. Ils se chargent de la collecte jusqu'à la revente dans leur entrepôt de Vouneuil-sous-Biard.

“Regarde maman ce joli pull !” Lilou est aux anges. Dans ce grand hangar de Vouneuil-sous-Biard, cette petite fille de dix ans fouille les caisses de vêtements, avec sa mère, Sandrine, à la recherche d’une tenue pour un anniversaire ce mercredi 2 mars.

Avant d’arriver dans ces caisses, les vêtements ont eu une première vie. Quelqu’un les a déposés dans l’un des 15 containers orange répartis à Poitiers et ses alentours. Ils appartiennent à Origin, une entreprise de recyclage et de revente de textile créée par trois jeunes poitevins. 

Une remise en question de l'industrie de la mode

Un projet né dans la tête de Simon Laumonier en août 2020, qui est parti d’un constat : “Les bennes de vêtements déjà existantes débordent à Poitiers, et j’entendais beaucoup de gens s’en plaindre”, explique cet ancien étudiant en commerce international et en administration publique. “Je remettais aussi en question l’impact de l’industrie de la mode. J'avais envie de me lancer dans quelque chose qui ait du sens.” 

Il en parle à ses amis de longue date Anthonin Gaborit, alors manager dans une société de transport et Youssef Djedoui, en mission d'intérim après être revenu de l'armée. Ils n'hésite pas à le rejoindre dans cette aventure. En juin 2021, Origin est né.

Éviter que les bennes ne débordent

Chaque borne orange de récupération est équipée d’un capteur pour connaître le taux de remplissage en temps réel. Et elles ont un prénom : Marcellino, Yasmine, ou encore Aladin. “Cela permet d’humaniser le geste de déposer un vêtement”, justifie Anthonin Gaborit

Mais pas suffisant pour convaincre l’agglomération. “Malheureusement, nous n’avons pas réussi à avoir l’autorisation de Grand Poitiers de les installer sur l’espace public”, regrette-t-il. Seules les bennes du Relais, membre du mouvement Emmaüs France, peuvent bénéficier de l'espace public.

Aujourd'hui, Origin a déjà pu installer 15 bennes en se tournant vers des acteurs privés, comme Leclerc, et d’autres communautés de communes. Le défi : trouver des emplacements pour les sept bornes restantes.

Un textile qui ne finit pas à la poubelle

Environ deux fois par semaine, le textile est collecté dans les containers et acheminé vers l’entrepôt de Vouneuil-sous-Biard. Un premier tri par catégorie est alors effectué. Tout ce qui est en bon état est trié une deuxième fois pour partir dans l’espace vente de l’entrepôt. 

Le reste, environ 45 % de la collecte, est recyclé. “Il est de plus en plus difficile de recycler le textile à cause des boutons, des fermetures, ou encore des matières non recyclables”, se désole Anthonin Gaborit.

Revente à des grossistes, à un effilocheur local ou encore à une entrepreneuse qui fabrique des caleçons à partir de chemises abîmées… Les trois associés essaient de trouver des solutions pour que les textiles ne finissent pas à la poubelle. 

Parfois, le textile revendu à des grossistes finit par être exporté. “Si on avait le choix, on éviterait. Mais on sait que certains vêtements ne correspondant pas aux standards classiques partent sur le continent africain”, reconnaît Anthonin Gaborit

“On ne connaissait rien au monde du textile”

Dernière étape : le conditionnement et le lavage, si nécessaire, pour l’envoi à leurs partenaires ou la revente dans leur friperie de 250 m². Un concept dans l’air du temps : les vêtements, chaussures et accessoires en bon état, sont vendus dans la boutique à petits prix.

De la collecte à la revente, les trois amis sont seuls à tout gérer. “On ne connaissait rien au monde du textile”, explique Youssef Djedoui, en train de trier des chaussures. "On a appris sur le tas !"

L'ancrage local avant tout 

Mais alors, quelle est la différence avec Le Relais, référence française en collecte de textile ? Les trois Poitevins sont formels : ils misent sur leur ancrage local. “Notre centre de collecte et de tri est implanté près de Poitiers, et nous revendons sur place”, martèle Simon Laumonier, qui ne voit pas Le Relais comme un concurrent.

“Par ailleurs, le but premier du Relais est de créer des emplois alors que nous souhaitons se concentrer sur la réduction de l’impact environnemental”.

Après toutes les étapes de tri, les vêtements peuvent être achetés dans l'espace friperie, ouvert au public le lundi, mercredi et vendredi. A la fin de leur séance shopping ce mercredi 2 mars, Lilou et sa mère repartent finalement avec une robe, trois pulls, deux sacs, une écharpe et un paréo.

Le tout, pour 16 euros. ”Quand on voit la vitesse à laquelle les enfants grandissent, je n'achète presque plus rien de neuf !”, lance Sandrine. Exactement le message que veut faire passer Origin.

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