En prévision du projet de loi de finances 2025, l'État demande aux collectivités locales des efforts inédits. À Poitiers, alors que le conseil municipal doit débattre des orientations budgétaires lundi 16 décembre, la ville serait contrainte de trouver 4 millions d'euros d'économies.
La ville de Poitiers s'apprête à réaliser un "effort budgétaire inédit", selon les mots de la maire écologiste, Léonore Moncond'huy. En prévision du projet de loi de finances 2025, dont le prochain gouvernement devrait s'emparer début 2025, l'État a demandé aux collectivités locales de réaliser des économies importantes pour réduire les déficits publics. À Poitiers, cela pourrait se traduire par une réduction des dépenses de 4 millions d'euros.
L'État a, par exemple, décidé de supprimer le Fonds de soutien périscolaire. À l'échelle du budget de la ville, cela correspond à un manque à gagner de 570 000 €.
Mis en avant par l'exécutif comme l'outil qui permettra aux collectivités de réussir leur transition écologique, le Fonds vert subit, lui aussi, une réduction drastique des sommes allouées. Doté à l'origine de 2,5 milliards d'euros à l'échelle du pays, il passe à 1 milliard d'euros. Sur cette ligne budgétaire, Poitiers perd 200 000 €.
Enfin, l'État baisse les crédits en provenance du Fonds de compensation de la TVA. La perte sèche pour la ville s'élève à 300 000 €.
Les collectivités ne sont responsables que de 8% du déficit au niveau national. Or, c'est sur nous que l'on fait peser une large résorption de ce déficit.
Léonore Moncond'huyMaire de Poitiers (EELV)
Face à ces recettes en moins, la ville doit aussi affronter des coûts supplémentaires, comme la hausse colossale des taux de cotisation à la caisse de retraite des fonctionnaires et des territoriaux. Le coût pour la ville est évalué à 1,1 million d'euros.
À cela s'ajoutent les effets de l'inflation et de l'évolution des salaires dans la collectivité, estimés à un peu moins de 2 millions d'euros.
Dans le pays, de très nombreux élus contestent la soudaineté et la sévérité des orientations budgétaires qui pourraient être retenues. Léonore Moncond'huy estime que "l'on ne peut pas avoir des mesures d'économies structurantes en quelques semaines". La maire de Poitiers parle aussi "d'injustice" vis-à-vis des collectivités locales. Elles "ne sont responsables que de 8% du déficit au niveau national. Or, c'est sur nous que l'on fait peser une large résorption de ce déficit". (voir l'interview ci-dessous).
Quelles conséquences ?
Premières conséquences à Poitiers, la mairie va demander à ses services de réduire leurs dépenses générales de 4%. Par exemple, sur les coûts de l'énergie.
Si la ville assure que les subventions aux associations seront maintenues, les crédits alloués aux maisons de quartier ne pourront pas augmenter. Initialement, la mairie envisageait une hausse de 2,5% de leurs subventions. Elles ne devraient pas évoluer en 2025.
La mairie s'engage à maintenir les projets déjà engagés et son niveau d'investissement, mais devrait renoncer à tout nouveau projet, notamment "en matière évènementielle".
Au-delà des économies demandées par l'État, un autre dilemme demeure. Poitiers, comme de très nombreuses collectivités, est confrontée à "l'augmentation très forte des frais d'assurance". La ville a ainsi reçu de son assureur une proposition d'assurance "multipliée par 3,6 par rapport à 2024", associée à une multiplication par cinq du montant des franchises. L'offre a été jugée inadéquate par la ville qui pourrait choisir d'assurer elle-même certains bâtiments.
D'autres efforts budgétaires vont devoir être trouvés. Le conseil municipal doit débattre du sujet lundi 16 décembre. Le budget de la ville ne sera voté officiellement qu'en début d'année 2025 et pourrait évoluer, selon les orientations qui seront retenues par le prochain gouvernement.