Prostitution. "Il faut sortir ces personnes de l'esclavage sexuel"

Mettre les prostituées à l'abri de la traite humaine, lutter contre les réseaux, verbaliser les clients. Ce sont les recommandations de la loi Coutelle, ancienne députée de la Vienne. Trois ans et demi après sa promulgation, est-ce que cette loi est-elle bien respectée ?

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En 2016, était promulguée la loi Coutelle, une loi emblématique sensée lutter contre les réseaux prostitutionnels. Elle permet de mettre à l'abri les femmes victimes de traite humaine et de verbaliser leurs clients. Trois ans et demi plus tard, la loi a fait l'objet d'une évaluation par les inspections générales de la santé, de la justice et de l'administration. Cette évaluation pointe du doigt une mise en place laborieuse.

A Poitiers, les lois passent, mais les prostituées, nigérianes en grande partie, font toujours partie du paysage local.

Mais le trottoir, pour Joy et son amie Anna, c'est du passé. Toutes les deux ont la chance d'avoir intégré le parcours de sortie de la prostitution, créé par la loi en 2016. Grace à cela, elles ont droit à un logement et à l'aide des bénévoles de du Centre d'Information des Droits des Femmes et de la Famille (CIDFF) pour leur réinsertion.

Même si ça ne va pas assez vite, cette loi est importante. Elle fait sortir des personnes de l'esclavage sexuel. On est là pour les aider.

Mad Joubert, bénévole au Centre d'Information des Droits des Femmes et de la Famille (CIDFF)

Selon le rapport d'évaluation, la loi contre le système prostitutionnel est freinée par "une absence de portage politique et d'engagement volontariste des pouvoirs publics et une faible application de certaines mesures."
Parmi ces mesures, la pénalisation des clients : 2.000 contraventions seulement dressées en 2018 dans toute la France, dont trois dans la Vienne. A la préfecture, la déléguée aux droits des femmes est en charge de la mise en place de l'accompagnement des victimes de l'exploitation sexuelle.

J'espère que cela sera une politique qui sera mise en œuvre dans sa globalité, et que les clients seront pénalisés pour tarir la demande.

Valérie Lamarche, déléguée aux droits des femmes dans la Vienne

Au palais de justice de Poitiers, le procureur de la république, n'a pas souhaité s'expliquer sur sa politique en matière de lutte contre l'exploitation sexuelle.
De son côté, Helène Pohu, sociologue, constate dans son étude sur l'application de la loi dans plusieurs villes de France, que les forces de l'ordre ont rarement pour instruction de pénaliser les clients.

Le procureur à un rôle majeur dans l'application de cette loi. C'est lui qui va donner le "ton politique" de la politique pénale locale. C'est lui qui va notamment faire en sorte que la verbalisation des clients, mais aussi des stages de sensibilisation à l'achat des actes sexuels, soient mis en œuvre à l'échelle locale.

Hélène Pohu, auteure d'un rapport pour la fondation Scelles et la direction de la cohésion sociale

Dans le département de la Vienne, selon nos informations, en 2018, seuls trois clients ont été verbalisés pour avoir eu recours à la prostitution.
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