REPORTAGE. "Pas besoin d'être drôle" : dans ces ateliers, on apprend à rire pour retrouver "l'insouciance de l'enfance"

Pour célébrer la journée mondiale du rire, ce dimanche 5 mai, 120 professeurs du yoga du rire se sont réunis à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Vienne) pour réaliser le plus grand éclat de rire de France. Leur méthode : pas de blagues, mais des exercices de respiration aux multiples vertus.

"Vous ne connaissez pas le yoga du rire ? Aucun soucis ! Il suffit de pratiquer et de suivre ce que nous allons faire ensemble !" Bras grands ouverts et sourire chaleureux, François Loizeau fixe le public. "On va rester en cercle, c'est parti !" À l'occasion de la journée mondiale du rire, le directeur de l'Institut français du yoga du rire et rire-santé a réuni 120 professeurs de la discipline, à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Vienne), dimanche 5 mai.

Le but : laisser libre cours à son besoin de s'esclaffer pendant une heure. "Le yoga du rire, c'est très simple et efficace : on lance un geste et on rit, tout simplement. On ne se pose pas de question, sourit Régine Dorin, animatrice de club de rire à Saint-Georges-lès-Baillargeaux. Pas besoin d'être drôle, de raconter une histoire ou des blagues. Il faut profiter des besoins du rire, c'est tout !"

15 minutes par jour

Imaginé en 1995 par le professeur indien Madan Katari, le yoga du rire susciterait de nombreux effets positifs sur la santé. "C'est une discipline qui provoque le même effet que des antidouleurs, qui diminue le stress, permet une meilleure oxygénation et garantit un sommeil plus profond !, s'enthousiasme Véronique Vergona, enseignante de yoga du rire à Poitiers. On a le torse bombé, les épaules écartées, on sourit. Plus on adopte ces postures, plus le corps s'en souvient et s'y habitue."

À Saint-Georges-lès-Baillargeaux, les pratiquants diplômés ont été rejoints par des riverains. Hommes, femmes, adultes, enfants et personnes âgées enchaînent les exercices. Tantôt main sur le cœur, tantôt bras levés, les participants s'en donnent à cœur joie.

"Avant de se lancer, certains peuvent se demander : est-ce que je vais réussir à rire au milieu d'inconnus ? Mais vous ne serez jamais mis en difficulté ou en danger, indique François Loizeau. Au fil de la séance, les visages fermés s'ouvrent. On retrouve son insouciance de l'enfance. C'est précieux : on accorde une pause à notre mental. Il suffit de 15 minutes par jour."

"Un rôle social"

Une séance de yoga du rire se découpe généralement en quatre temps : "un éveil du corps, parfois en musique, pour libérer les tensions ; puis une vingtaine de minutes d'exercice du rire, presque sans paroles", précise Véronique Vergona, professeure. "Il faut ensuite s'allonger pour laisser les choses venir. On ne force rien. On termine par un temps de relaxation." Si la session du jour est exceptionnelle, le nombre de participants varie en général de cinq à une quarantaine de personnes.

"La complicité est très forte entre les participants, alors qu'on ne se connaît pas. On est tous très proches, très liés, souligne Régine Dorin, animatrice de club de rire. Il n'y a pas de jugement puisque le mental est complément bloqué. C'est que du bonheur de rire." Certaines entreprises font parfois appel à des enseignants en yoga du rire pour proposer des "moments de relaxation" à leurs salariés.

Et ce n'est pas tout : cette pratique peut aussi aider des personnes traversant des phases difficiles. "Au sein de notre club, on accueille pas mal de personnes insomniaques ou en état de dépression, ou encore qui cherchent un lien social. Le rire permet ça : rentrer très rapidement en contact avec les autres", poursuit la professeure de yoga du rire. "Le rire joue un rôle social, abonde Véronique Vergona. Quand on rigole avec quelqu'un, on ne veut pas lui faire de mal." La spécialiste recommande toutefois de "ne pas attendre d'être heureux pour rire".