A Sanxay, la soprano Andreea Soare se souvient de son passage déterminant aux Francofolies, à 17 ans

La soprano franco-roumaine, Andreea Soare, ne se destinait pas à l'art lyrique. Plutôt au théâtre ou à la danse. Mais à l'âge de 17 ans, alors qu'elle vient de remporter un concours de chant, elle se produit sur la scène des Francofolies. Un membre de l'équipe lui suggère alors l'art lyrique.

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Andreea Soare chante depuis toujours. De la musique de variété, de la folk, de la musique traditionnelle. Elle joue aussi la comédie et elle danse. Chez elle, en Roumanie, c'était une enfant star. Depuis l'âge de 9 ans, on la voit toutes les semaines dans les émissions de variété. Mais l'opéra, elle affirme que jamais elle n'imaginait avoir la voix pour. Alors, y faire carrière ! Pourtant, depuis une dizaine d'années, elle se produit sur les scènes du monde entier : Garnier, Bastille, Cologne, New York... 

"C'est grâce aux Francofolies", confie-t-elle. Ou plutôt grâce à un concours et à une chanson de Lara Fabian : "Je t'aime".

Autour d'une tasse de thé, alors que la première de La Flûte enchantée de Mozart, mise en scène par Stefano Vizioli à Sanxay (86) vient d'être annulée et reportée pour cause d'intempéries, celle qui interprète le rôle de la Première dame se souvient de ce festival qui a changé le cours de sa vie.

"Je venais de gagner un concours de chant de musique francophone auquel ma prof de Français au lycée m'avait inscrite. Et on m'a fait chanter sur la scène des Francofolies en 2004, avant Laurent Voulzy et Francis Cabrel !"

C'est grâce aux Francofolies. On m'a dit : vous avez pensé à l'art lyrique ? (A. Soare)


Le concours dont il est question est le concours international de musique francophone "Chants, sons sur scène" de Baia Mare. Elle remporte le Grand Prix et, comme le précise son site Internet, "a l’honneur de participer aux « Francofolies de La Rochelle » où elle a représenté son pays".

Tout aurait pu s'arrêter là, mais à la suite de sa prestation, se souvient-elle, un membre de l'organisation des Francofolies s'approche d'elle et lui dit : "Vous avez pensé à l'art lyrique ?"

Elle se rappelle de sa surprise. "Non, jamais je n'y avais pensé."

Direction le conservatoire de La Rochelle

"Cette personne du festival me dit : viens, on va aller au conservatoire, il faut que tu passes une audition", raconte-t-elle. "On m'emmène, c'était tout près à pied et là-bas, on me dit, 'Très bien, mais on ne peut pas prendre de jeunes en dehors de l'Union européenne'."

Son pays d'origine, la Roumanie, n'était pas encore membre de l'Union. Les négociations d'adhésion aboutiront en décembre de cette même année 2004 et Bucarest fera officiellement partie des 27 le 1er janvier 2007.

"Alors, je suis rentrée chez moi pour passer le bac", explique-t-elle, sans une once de regret dans la voix. 

"Sauf qu'à mon retour en Roumanie, la personne du festival m'avait envoyé des dossiers de candidature dans plusieurs conservatoires en France !"

Sa famille l'encourage à essayer. Elle choisit de postuler au conservatoire de Strasbourg. "J'ai vu qu'il y avait une ligne de bus entre ma ville (Râmnicu-Vâlcea) et Strasbourg. C'était simple. C'est la seule raison !" Elle passe les entretiens et, à sa plus grande surprise, sa candidature est retenue parmi les premières. Mais là encore, l'aventure française ne lui semble pas réalisable. "Je suis rentrée en Roumanie, je n'avais pas l'argent pour financer les études en France."

La lettre de la grand-mère

Andreea, personnalité enjouée et dynamique, ne s'arrête pas là et se projette ailleurs, dans d'autres projets.

"Sauf que ma grand-mère avait écrit une lettre à l'émission de télévision où j'apparaissais quand j'étais enfant."

Et là, on m'a annoncé qu'on me payait le billet pour Strasbourg et les frais de scolarité (A. Soare)


Andreea raconte ne s'être doutée de rien lorsqu'on l'a appelée chez elle pour participer à "Surprise, surprise". 

"On m'a dit : vous pourriez chanter "Je t'aime" de Lara Fabian ? J'ai dit oui. Après ma prestation, on m'a invitée à m'asseoir pour discuter et on m'a parlé de quoi ? De la France ! Du conservatoire ! Et là, on m'a annoncé qu'on me payait le billet pour Strasbourg et les frais de scolarité."

Andreea prend l'aventure à bras le corps et s'exile en France où l'apprentissage de la langue lui laisse des souvenirs amers.

En plus du conservatoire, elle poursuit sa scolarité à l'université de Strasbourg, en musicologie, où elle décroche sa licence.

"Je suis allée à Strasbourg sans l'idée de faire carrière dans l'art lyrique. Je prenais juste du plaisir à chanter", confie-t-elle.

"Mais très vite, ma prof m'a dit, maintenant, il faut que tu ailles à Paris pour apprendre, vraiment... Alors je suis allée à Paris où j'ai été prise au conservatoire."

Elle part pourtant avec la certitude qu'elle ne sait "pas chanter". Jusqu'au jour où, elle découvre un enregistrement.

"On m'a fait écouter un air. C'était super beau. J'ai demandé, mais qui est-ce ? Et là, on m'a dit : mais, c'est toi Andreea. Je ne m'étais pas reconnue. Alors je me suis rebellée et, à partir de là, j'ai tout fait comme j'ai voulu. Parce que, si je ne me reconnaissais pas à mon timbre de voix, personne ne me reconnaitrait."

Dix ans après son passage aux Francofolies, on ne peut que constater à quel point le travail a payé. La vidéo, ci-dessous, dans laquelle elle interprète Mozart sur la scène de l'opéra Garnier à Paris, devrait convaincre celles et ceux qui ne la connaissent pas encore.

Directeur d'opéra

A Sanxay, elle fait partie des douze solistes. Elle compte parmi ses artistes que les productions lyriques du monde entier sollicitent : en France, en Italie, en Allemagne, en Chine, au Japon, aux Etats-Unis...

Avant de nous raccompagner, celle qui semble avoir toujours pris la vie comme elle venait sans paraître construire d'ambitieux projets, avoue s'être fixée quand même un objectif : "A 50-55 ans, je veux être directeur d'opéra."

Pourquoi pas à Paris ? Chiche.

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