Travail en prison : le Conseil constitutionnel rejette la plainte d'un détenu poitevin

Le Conseil constitutionnel a jugé vendredi conforme au droit la législation actuelle encadrant le travail en prison, contestée par l'avocat d'un détenu de la prison de Vivonne dans la Vienne. Il réclamait une nouvelle loi avec l'appui de 375 universitaires et d'une vingtaine d'associations.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
"Le Conseil constitutionnel a jugé les dispositions contestées conformes à la Constitution", a annoncé le Conseil constitutionnel. Il a cependant relevé qu'"il est loisible au législateur de modifier les dispositions relatives au travail des personnes incarcérées afin de renforcer la protection de leurs droits".


"Une situation actuelle grandement insatisfaisante"

Prenant "acte qu'il appartient au législateur" de "renforcer la protection" des droits des détenus travaillant en prison, la garde des Sceaux Christiane Taubira a assuré dans un communiqué rester "attentive à ce que le travail en prison s'effectue dans le respect de la dignité" des détenus.
La contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a regretté cette décision qui, dit-elle, "conforte la situation actuelle, pourtant grandement insatisfaisante".
Rappelant les "atteintes récurrentes aux droits des travailleurs détenus" constatées par ses services, elle estime une loi nécessaire pour "indiquer clairement le rôle du travail" en prison pour préparer la réinsertion, "définir des règles plus étendues" sur les conditions de travail, "la sécurité et la protection du travailleur en prison".


Plainte "pour excès de pouvoir"

Les sages étaient saisis d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée au nom d'un détenu du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. Ce dernier avait saisi la justice pour obtenir l'annulation "pour excès de pouvoir" d'une décision du directeur d'établissement le déclassant de son poste d'opérateur au sein des ateliers de production de la prison.
Son avocat, Me Patrice Spinosi, avait demandé aux sages de la rue Montpensier de déclarer contraire au "droit à l'emploi", garanti par la Constitution, l'article 33 de la loi pénitentiaire de 2009 qui confie aux chefs d'établissements le soin de réglementer les activités professionnelles de leurs détenus à travers "un acte d'engagement".


"Disparition de tous les droits liés au travail en prison"

Mais les sages ont estimé "qu'en subordonnant à un acte d'engagement" la participation du détenu "aux activités professionnelles" et en renvoyant à ce document "le soin d'énoncer les droits et obligations professionnels du détenu (...) sous le contrôle du juge administratif", ces dispositions ne privaient pas le détenu des droits et libertés garantis par la Constitution.
"Toute personne ayant un minimum de connaissance de l'univers carcéral ne peut que constater la disparition de tous les droits liés au travail en détention", avait plaidé Me Spinosi.
"Soumis aux desiderata de l'administration pénitentiaire ou des entreprises concessionnaires, les travailleurs détenus peuvent être privés de repos hebdomadaire, ou ne travailler que quelques heures par mois, sans compensation des heures chômées. Ils n'ont le droit à aucune indemnité en cas de maladie ou d'accident du travail, ne peuvent prétendre au salaire minimum, ni se prévaloir d'aucune forme d'expression collective ou de représentation syndicale", avait dénoncé l'Observatoire international des prisons (OIP).


Pour un "droit du travail pénitentiaire"

Chose rare, 375 universitaires, dont de nombreux professeurs de droit, ont signé une pétition réclamant la mise en place d'"un droit du travail pénitentiaire tenant compte des spécificités carcérales". Un collectif d'une vingtaine d'associations regroupant des avocats, magistrats, intervenants en prison et défenseurs des droits de l'Homme s'est joint au mouvement.
"La déception est à la hauteur de nos attentes. C'est une immense occasion gâchée", a réagi Patrice Spinosi, pour qui "le Conseil constitutionnel devait légitimement renvoyer au législateur le soin d'organiser le travail en prison".
L'avocat a annoncé qu'il prévoyait de déposer des recours au cas par cas de détenus devant la Cour européenne des droits de l'Homme.


En France, 23.423 personnes, soit 35% des détenus, ont eu - en moyenne mensuelle - une activité rémunérée en 2014, soit 758 de moins qu'en 2013, selon l'administration pénitentiaire.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information