Une bouée pour les naufragés de "Parcoursup". A la recherche d'une place pour ces bacheliers sans inscription

En ce moment, l'académie de Poitiers planche pour les diplômés du baccalauréat sans inscription. Aucun de leurs vœux d'études supérieures n'a été accepté par l'algorithme d'orientation. Différents intervenants réétudient collégialement chaque dossier, à la recherche d'une place pour eux.

"Dossier 334597 !" Une dizaine de personnes entre le numéro dans l'ordinateur et découvre les souhaits du candidat. Autour de cette table, des responsables de l'académie de Poitiers, des Centres de Formation des Apprentis, des BTS (Brevet de Technicien Supérieur), des universités, des mission locales, et aussi des spécialistes de l'orientation. Des humains, tous réunis pour trouver une solution aux dossiers orphelins, aux candidats malheureux.

Dans la procédure principale on avait 17.000 candidats, neuf sur dix ont trouvé leur inscription via Parcoursup. Et là, des candidats nous ont sollicités parce qu’ils n’avaient pas de solution.

Yannick Thevenet, Conseiller technique de la rectrice de l'académie de Poitiers sur l'orientation et insertion

Ce jour-là, 30 candidatures sont étudiées. Il y a par exemple cette jeune femme, recalée de son vœu préférentiel d'une licence de Langues Etrangères Appliquées Anglais / Japonais. La filière n'existe pas en Poitou-Charentes. Elle est sur liste d'attente pour un LEA Anglais Coréen à La Rochelle. Il lui a été conseillé d'élargir sa recherche à d'autres langues asiatiques. Les intervenants échangent ensemble, consultent les bases de données. Il reste une place pour Anglais Chinois ou Anglais Indonésien. "C'est tellement spécifique, il vaut mieux que vous la recontactiez..." préconise le représentant de l'académie.

Un travail de fourmi

Cela fait trois ans déjà que ces commissions d'accès à l'enseignement supérieur existent, de manière à pouvoir réguler les élèves sans solution. "Le rôle de nos conseillers est important, insiste Yannick Thevenet. On contacte les candidats, on essaye d’objectiver leur projet, quels sont leurs centres d’intérêt ?" Il s'agit de construire avec l'élève une solution, pas la solution rêvée, mais une façon d'améliorer son dossier.

C’est indispensable, c’est un traitement humain des dossiers, on étudie vraiment les cas individuellement. On va jusqu’à regarder la fiche de motivation, c'est important pour leur faire des propositions adaptées à leur niveau.

Yannick Thevenet, Conseiller technique de la rectrice de l'académie de Poitiers sur l'orientation et insertion

Parfois, c'est une solution d'attente pour pouvoir candidater de nouveau l'année suivante ou ça permet de développer une solution connexe à leur domaine de compétences.

"J'ai pleuré ! J'ai posé plusieurs fois la question pour savoir si j'étais vraiment admise !"

Pour Manon Vergnaud, c'était une question de déménagement. La jeune fille a décroché son baccalauréat général, spécialité maths physiques et se destine au métier d'infirmière. "Au 15 juillet, on nous a demandé de valider un vœu, j'avais été prise à l'école d'infirmières du Mans et par erreur j'ai supprimé mon vœu à Poitiers." Pendant son job d'été dans un EPHAD, des élèves infirmières de Poitiers lui expliquent qu'elle aurait pu rester sur liste d'attente à Poitiers. Dans la foulée, elle tente un recours. Ce matin, la commission d'accès à l'enseignement supérieur l'a rappelée. Elle est admise à Poitiers. 

Je me sens un peu perdue ! Je rentre jeudi prochain, alors que ma rentrée au Mans était en février... Je suis très contente, je ne m'attendais pas à tout ça, je pensais juste réintégrer la liste. Au moins, je sais où je vais, je fais la rentrée comme tout le monde !

Manon Vergnaud, future étudiante à l'IFSI de Poitiers

Elles sont deux, avec sa Maman, à sourire aux anges en regardant ce téléphone. Téléguidées sur Parcoursup par leur interlocutrice du rectorat, elles sont pleinement rassurées. Le fait d'accepter Poitiers retire l'inscription au Mans, pas d'autre démarche à faire auprès d'eux. La seule urgence à présent est de prendre contact avec l'Institut de Formation aux Soins Infirmiers de Poitiers et ses responsables pour finaliser l'inscription. La rentrée est dans une semaine tout juste.

Tirer profit d'une année blanche

Tous les nouveaux bacheliers n'auront toutefois pas de solution d'ici septembre. A une semaine d'une rentrée qu'il ne pourra pas faire, Maxence Giffard doit se résigner. Le jeune Rochelais vient d'empocher son bac professionnel en électricité. Son objectif : devenir régisseur lumière. Mais cet été, toutes les portes se sont fermées sous ses yeux. Les formations sans apprentissage étaient pleines. Son unique chance, une formation en tant qu'apprenti du côté de Lyon, a filé lorsqu'il a compris qu'aucune entreprise ne cherchait à recruter ce type de profil. Impossible de remplir les conditions, le bachelier s'est retrouvé sans option. "C'est particulièrement stressant de ne pas savoir où on va. J'étais habitué avec le lycée de passer d'une année à l'autre sans me poser de question. Maintenant, je réalise que c'est très différent." 

Motivé à mettre à profit cette année blanche, Maxence étudie déjà diverses options pour l'année prochaine. "Je vais peut-être partir à l'étranger pour un contrat au pair, ça me fera de l'expérience. J'aimerais bien faire des stages aussi, pour consolider mon dossier..." énumère le Rochelais. Malgré sa déception vis-à-vis de la plateforme d'orientation nationale, il prévoit déjà de repostuler l'année prochaine. Pour, enfin, débuter ses études supérieures.

Reportage de Mélanie Caron, Cyril Paquier et Marc Millet

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