Révoltée par cette réforme qu'elle considère comme injuste pour les étudiants déjà gravement touchés par la précarité dûe à la crise sanitaire, Clémentine Béguier a lancé une pétition pour demander le maintien des APL "dans les mêmes conditions qu'avant".
Lorsque la réforme des APL est entrée en vigueur le 5 février dernier, le sang de Clémentine Béguier n'a fait qu'un tour. "J'ai vu mes aides baisser, j'ai vu celle de mes amis baisser et ces centaines de témoignages sur les réseaux sociaux d'étudiants qui avaient peur de ce qui allait leur arriver à la fin du mois" explique la jeune étudiante en première année d'études en apprentissage pour devenir éducatrice spécialisée à Poitiers.
Certains étudiants sont passés de 340 euros d'aides à zéro. Moi j'ai perdu 70 euros. C'est une somme énorme quand on est étudiant.
Aussitôt, l'étudiante en colère décide donc de lancer une petition pour demander le maintien des aides au logement (APL) "dans les mêmes conditions qu'avant". "On parle de précarité étudiante dans les médias mais la réforme des APL ne vient qu'accentuer cette situation" écrit-elle.
"Cette réforme est une injustice" argumente Clémentine Béguier. "On considère désormais qu'un étudiant qui a travaillé deux ou trois week-ends dans son mois pour survivre, ça lui suffit comme ressource. C'est considéré comme un revenu et donc les aides sont supprimées."
De fait, au lieu de calculer les droits sur les sommes perçues sur les deux dernières années, comme c’était le cas jusqu’en décembre 2020, la réforme des APL se base désormais sur les revenus des douze mois précédents, actualisés tous les trois mois. Selon le ministère du logement, la réforme devrait à terme, permettre de réaliser entre 700 millions et 1,3 milliard d’euros d’économies.
En moins d'une semaine, le texte de Clémentine Béguier s'est répandu sur la toile comme une trainée de poudre. Le cap des 18.000 signatures a été dépassé en quelques jours. Pour voir sa petition reçue sur le site de l'Assemblée Nationale et espérer se faire entendre du gouvernement, l'étudiante poitevine sait qu'elle devra recueillir au minimum 100.000 signatures. "Il en faut même 500.000 pour qu'elle soit discutée par les parlementaires, mais on ne lâchera pas".
Reportage d'Isabel Hirsh et Laurent Gautier