À L'Isle-Jourdain, petite ville de 1 000 habitants dans la Vienne, l'école primaire est installée dans les mêmes locaux que le collège. Une solution pour compenser la baisse de la démographie en zone rurale. Une solution qui enchante petits et grands. Des élèves jusqu'aux enseignants. Reportage un jour de rentrée.
Ils sont tous sagement rassemblés dans la cour. Au pôle éducatif de l’Isle-Jourdain dans la Vienne, la rentrée se fait sans larmes, sans cris. La majorité des enfants se connaissent et pour ce grand jour, les petits de l’école primaire et les grands du collège écoutent ensemble le discours de la principale. « Familial », c’est le mot qui revient très souvent dans sa bouche.
Car c’est la particularité de cette petite ville d’un peu plus de 1 000 habitants, en pleine zone rurale au sud-est de Poitiers. Depuis 2019, les primaires du CE1 au CM2 sont installés dans deux classes du collège. Baisse démographique oblige. Seule la maternelle jusqu’au CP a gardé son indépendance. « Il fallait trouver des solutions pour que les élèves soient accueillis dans les meilleures conditions et puissent continuer à bénéficier de tous les avantages que peut proposer la vie à la campagne », indique Nathalie Tabuteau, la principale du pôle éducatif.
Pour cette 5ᵉ rentrée avec cette formule innovante, tout le monde est enchanté, à commencer par les parents : « J’ai toujours été habituée aux classes primaires séparées du collège », confie Marine Petit, maman d’une élève qui rentre en CE2. « Mais dans ce système, il y a un avantage pour plus tard. Quand ma fille va rentrer en 6ᵉ, elle saura comment cela va se passer. » Titouan Gallienne qui lui fait son entrée en 6ᵉ, confirme : « Non, je n’ai pas eu peur, car je connais déjà un peu le collège. »
Dans les locaux du primaire, il n’y a que 16 enfants par classe. Des classes multi-niveaux. « Bienvenue ! Tu vas voir, cela va bien se passer. » Séverine Caille est la directrice de cette école. Elle accueille un petit nouveau au milieu de ses élèves de CM1 et CM2. Sans être le moins du monde, inquiète sur sa future intégration. Car elle est particulièrement enthousiaste sur le fonctionnement du pôle éducatif qui œuvre au mieux pour le bien-être des enfants.
« Je le trouve fantastique ! Il n’y a pas la transition difficile entre l’école et le collège. Les enfants qui sont scolarisés ici traversent juste le couloir pour entrer en 6ᵉ. Et ils deviennent un peu les tuteurs des autres élèves qui arrivent des écoles des alentours. Ces derniers ne connaissent pas non plus le stress de l’entrée en 6ᵉ, comme peuvent l’avoir les autres néo-collégiens. »
Dans la douceur et la bienveillance
Au collège, il n’y a que 154 inscrits. L'entrée en sixième s'effectue en douceur et dans la bienveillance. arie Bouillot est professeure de français et découvre ses petits 6ᵉ dont le visage est en fait très familier : « J’ai une heure dans la semaine avec les CM2. Ils ont l’habitude de la manière avec laquelle je fonctionne. » Car le collège René Cassin et l’école primaire fonctionnent main dans la main. Deux directions, mais avec des bureaux accolés et des projets partagés. « Il y a du co-enseignement », ajoute Nathalie Tabuteau, la principale du collège. « Les professeurs du primaire interviennent dans le secondaire et inversement. ».
Des élèves qui profitent d’un prix littéraire où ils votent et rencontrent les auteurs, d’un atelier de patois poitevin saintongeais, d’une classe à horaires aménagés pour la musique. Bref, on ne s’ennuie pas à L’Isle-Jourdain.