L'été approche et les piscines recrutent déjà leurs maîtres-nageurs. Mais il y en a de moins en moins. Alors certaines municipalités font le choix de fermer la piscine pendant plusieurs semaines.
Si vous souhaitez vous rafraîchir cet été à Naintré, ce ne sera pas forcément à la piscine municipale. Faute de maître-nageur, la municipalité a décidé de fermer l'établissement une partie de l'été, en août. La pénurie de maître-nageur devient en effet de plus en plus grande, et le seul formateur qui travaille à la piscine de Naintré a une liste d'inscrits (pour des leçons) qui ne cesse de s'allonger.
"Sur le cahier, il y a 70 inscrits en demande de leçons. Ces enfants, on ne va pas pouvoir leur apprendre avant juin. J'aimerais leur apprendre à nager à tous pour qu'ils aillent cet été nager avec une jolie brasse" déplore Éric Soulis. Une déception partagée par cette mère venue se baigner avec ses enfants "je trouve que c'est dommage qu'il n'y ait pas assez de maître-nageur. Il faut attendre des mois pour leur apprendre, alors que le plus tôt c'est fait, au mieux ça se passe, ils seront davantage à l'aise dans l'eau et plus détendus.", explique-t-elle.
"On a presque 60 à 70 % des élèves qui entrent au collège qui ne savent pas nager"
Dans la piscine du Centre de Ressources d'Expertise et de Performance Sportive, le CREPS de Boivre près de Poitiers, l'entraînement dans l'eau est dur. Et les sportifs sont peu nombreux. Pour Txomin Llaguno Landau étudiant au CREPS, la profession de maitre-nageur manque d'attractivité. "je pense que les gens ne s'intéressent pas vraiment à la natation et voient plus le plaisir d'être dans la piscine, se détendre. Ils ne voient pas ça comme une activité.", analyse-t-il. C'est un métier qui n'est pas très bien rémunéré non plus, de quoi expliquer aussi le peu de candidats.
Mais pour le responsable des formations au CREPS, Sébastien Morawice, ce manque de maître-nageur est une très mauvaise nouvelle. "Les années Covid, avec les confinements et la fermeture des piscines, en raison des mesures sanitaires, ont fait qu'on a pris trois à quatre ans de retard dans l'apprentissage." Et il conclut sur ce chiffre très alarmant "on a presque 60 à 70 % des élèves qui entrent au collège qui ne savent pas nager."
La noyade est pourtant la première cause de mortalité par accident de la vie pour les moins de 25 ans en France. On dénombre près de 1 000 décès par noyade chaque année dans notre pays selon les chiffres de Santé Publique France.