Aujourd’hui, le numérique est partout, il est dans notre quotidien, mais également dans celui de nos enfants, et même dans nos écoles maternelles. Confier des tablettes à nos tout-petits pour favoriser de nouvelles techniques d’apprentissages, est-ce une bonne idée ? C’est la question posée dans ce Dimanche en Politique.
À Poitiers, la polémique ne cesse de grandir : est-ce judicieux d’éduquer les élèves de maternelle avec des tablettes ? La mairie de Poitiers vient d’en déployer 200, à destination des 3-5 ans.
Pour débattre de l’usage de ces tablettes en maternelle, "Dimanche en politique" a convié :
- Lisa Belluco, députée EELV de la Vienne
- Fardine Mortazavi, artiste-chercheur sur la question des écrans dans les écoles
- Séverine Denieeuil, enseignante, parent d’élèves et créatrice de la pétition contre les tablettes en maternelle à Poitiers
- Mélanie Rouillée, psychomotricienne
La santé des enfants en question
Si la mairie de Poitiers assure ne proposer qu’une demi-heure d’écran par semaine, la première préoccupation des parents d’élèves reste les répercussions sur la santé tout-petits.
Les risques en cas d’excès sont connus depuis longtemps : manque de sommeil, répercussion sur l’apprentissage du langage, risque de surpoids ou d’obésité, trouble de la vision.
Sur notre plateau, Mélanie Rouillée confirmait ce constat.
“Les enfants sont besoin de passer par des expériences sensori-motrices et c’est parce qu'ils jouent qu’ils vont apprendre de manière cognitive. En libéral, on se rend compte de plus en plus qu’on a des enfants qui ont des difficultés à l’école, des troubles du comportement, de l’agitation, des difficultés à l’écriture. Et on se rend souvent compte qu’il y a un lien avec l’usage des écrans. Ce dont j’ai peur, c'est que comme l’éducation nationale ne fait pas d’éducation aux parents, si elle valide ces tablettes, qu’est-ce qui va empêcher les parents de les utiliser à la maison ?"
Le gouvernement veut agir
Pourtant, selon une étude de février 2022 publiée par le gouvernement, les enfants de moins de deux ans passeraient en moyenne 3h11 devant les écrans, chaque jour. Un constant alarmant qui a poussé l’Assemblée nationale, ce mardi, a examiné une proposition de loi relative à la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans.
Si certains députés, comme Antoine Léaument (FI) ou Laure Lavalette (RN), s’opposent fermement à l’usage des écrans sur le temps scolaire pour les maternelles. Une position qu’a d’ailleurs partagé, Lisa Belluco.
“Le projet pédagogique est à la main de l’Éducation nationale. J’en veux au rectorat, au DASEN et au ministère qui lance ce type de politique éducative alors qu’on sait qu'avant cinq ans, c’est fortement déconseillé de passer du temps devant les écrans et formellement proscrit pour les moins de deux ans. Donc évitons de faire ça à l'école. Il faut du numérique à l’école, mais pas en maternelle. Il faut de l’accompagnement pour qu’ils découvrent de manière encadrée Internet."
Entrée progressive à l’école
Le numérique à l’école, l’idée ne date pas d’hier. Il fait son apparition dans les années 1997, avec l’introduction “limitée et prudente de l’informatique à l’école”.
La mesure dure jusqu’en 2005, année de l’inscription de l’informatique dans le socle commun avec la loi pour l’avenir de l’école.
L’accélération du mouvement ne débute finalement qu’en 2013, avec l’inscription de l’éducation au numérique par le numérique comme priorité pour l’Éducation nationale.