Depuis son ouverture en 1998, la Vallée des singes de Romagne (Vienne) multiplie les actions en faveur de la protection des espèces de singes en sensibilisant ses visiteurs. Les gibbons sont particulièrement menacés d’extinction.
Cela fait des années que les chercheurs tirent la sonnette d’alarme : les primates sont en danger d’extinction. À Romagne (Vienne), la Vallée des singes s’est fixé pour objectif de sensibiliser et de participer à la conservation des singes et de leur habitat.
Au total, 450 singes en liberté de 34 espèces différentes sont présents dans le parc. Parmi eux, deux espèces de gibbons : les gibbons à favoris blancs et les gibbons à bonnet. Reconnaissables à leurs longs bras qui leur permettent d'aller très haut dans les arbres, les gibbons se déplacent aussi debout. C'est d'ailleurs l'une des espèces de primates qui ressemble le plus à l'homme.
Malheureusement, cette espèce d’Asie du sud-est est en danger. Si les primatologues estiment leur nombre à 100.000 individus aujourd’hui, leur disparition est prévue d'ici une vingtaine d'années.
Déforestation, tourisme et braconnage
En cause : la déforestation de masse, “que ce soit pour faire de l'agriculture ou pour faire du bois exotique pour des meubles”, précise Kévin Deluchat, chargé de développement du Conservatoire pour la Protection des Primates, l’association du parc. “Indirectement, il y a aussi le tourisme. Dans certains pays, les gibbons sont exposés aux yeux des touristes, uniquement pour leur permettre de prendre des photos.” Autre explication de cette disparition : le braconnage. “Les gens revendent les gibbons en tant qu’animal de compagnie”. Enfin, il y a aussi un problème de trafic de viande de brousse, c’est-à-dire chassée pour être mangée.
Mieux connaître cette espèce et les menaces qui pèsent sur elle, c’est le but de la Vallée des singes. Et la sensibilisation semble fonctionner auprès des visiteurs, comme cet homme qui n’avait jamais entendu de chant de gibbon : “On savait que beaucoup d’animaux étaient en voie de disparition mais pas les gibbons”, livre-t-il. “J'amène mes enfants ici pour leur faire prendre conscience qu’on a une belle planète et qu’il faut les protéger.” Un peu plus loin, un autre visiteur témoigne : “Évidemment, l’extinction des animaux m’inquiète...Après les animaux, pourquoi pas les humains ?”
Une bourse pour la sauvegarde des gibbons hoolock
A travers l'association Conservatoire pour la protection des primates, la Vallée des singes soutient une quinzaine de projets en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Chaque année, elle finance des associations locales à hauteur de 100.000 euros.
“Sur place, les ONG ont un rôle de sensibilisation auprès de la population locale pour la sauvegarde des primates et de leur habitat”, explique Nathalie Odiguet, directrice générale adjointe du parc de la Vallée des singes. “Elles participent aussi à des campagnes de reforestation.”
Depuis 2009, l’association attribue chaque année deux bourses de 2.500 euros. La bourse du premier semestre de 2021 a été attribuée à un chercheur du Bangladesh, qui travaille sur les gibbons hoolock, une espèce en grand danger d'extinction. “Il va pouvoir sensibiliser la population locale et replanter plus de 17.000 arbres”, se réjouit Nathalie Odiguet.
Pour Kévin Deluchat, “notre vision de ces animaux est un danger”, alarme-t-il. “Il faut réussir à se repositionner. Nous faisons partie du grand genre des primates, nous ne sommes pas au-dessus d’eux.”