Fin juillet, 25 architectes de renom s'insurgaient dans une pétition contre la démolition prévue d'un immeuble construit par P. Chemetov à Courcouronnes (91) hébergeant des logements sociaux, dans le cadre d'un plan de rénovation urbain.
Intitulée "Faut-il démolir le patrimoine du XXe siècle ?", cette pétition est signée de 25 architectes réputés parmi lesquels Henri Ciriani, Marc Mimram, Jean Nouvel, Dominique Perrault, Rudy Ricciotti, Bernard Tschumi et Thierry van de Wyngaert, président de l'Académie d'Architecture.
Selon eux, le bâtiment en question, "construit en 1983 par Paul Chemetov et restauré il y a peu, est en danger de destruction rapide en raison de la convention signée en 2009 par l'ANRU (l'Agence nationale de rénovation urbaine) présentant sa démolition comme une nécessité", contre laquelle ils s'insurgent, l'estimant sans justification aucune.
« Cette braderie » détruit des logements alors que l'on déplore leur pénurie, prive de travail entreprises et artisans capables de les restaurer ou de les réhabiliter, et nous dépossède d'un patrimoine du XXe siècle, qui est le nôtre", déplorent notamment les signataires.
Ils citent d'autres exemples de patrimoine architectural menacé de démolition pour la même raison: l'école d'Architecture de Nanterre, de Jacques Kalisz, l'hôpital Louise-Michel, d'Adrien Fainsilber, l'Université du Mirail, de George Candilis, à Toulouse, le quartier de Mériadeck, à Bordeaux, de Jean Willerval, Paul Lagarde et Jean Royer, le centre Thales, à Velizy, de Claude Parent, l'usine Famar, à Orléans, de Jean Tschumi, les bureaux et laboratoires Novartis, à Rueil-Malmaison, de Bernard Zehrfuss, Martin Buckhardt et Jean Prouvé.
Les signataires dénoncent des décisions administratives "faisant fi des protestations de nombreux architectes mais aussi d'associations comme la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France, Paris Historique, et Docomomo International, et de simples citoyens".
Interrogé par l'AFP, le maire UMP de Courcouronnes, Stéphane Beaudet, également vice-président de la communauté d'agglomération Evry-Centre-Essonne, avait qualifié cette pétition de "corporatisme puant".
Il assure que M. Chemetov, avec qui il dit être "en négociation par avocats interposés", aurait envisagé un temps de participer au projet de rénovation urbain. "L'immeuble n'est pas insalubre. Sa démolition - qui doit intervenir en 2013 - fait partie d'un choix d'aménagement afin de créer 850 logements sociaux à terme. 70 familles sur 80 ont déjà été relogées et leurs dettes en loyers effacées", souligne le maire qui assure qu'aucune pétition d'habitants ou d'associations opposés à la démolition n'existe.
"Ces architectes, qui ont utilisé les quartiers pour obtenir des prix mais n'y ont pas vécu, n'ont aucun sens des réalités", estime-t-il. Le bâtiment incriminé, "un mur-écran dans le paysage", selon M. Beaudet, est situé en face de l'ancien l'hôpital d'Evry-Courcouronnes, fermé au printemps et réinstallé depuis à quelques km à Corbeil-Essonnes.
D'un coût global de 70 millions d'euros, le projet d'aménagement urbain de l'ANRU (avec les infrastructures et bâtiments publics) vise à désenclaver une soixantaine de quartiers de l'Essonne, selon le maire.
Polémique à Courcouronnes autour de la démolition d'un immeuble de Paul Chemetov - architecte du ministère de l'Economie à Bercy. Un bâtiment de 80 logements que le maire veut démolir pour laisser la place à son nouveau projet urbain. Presque tous les habitants sont partis mais un groupe de 25 acrhitecte a lancé cette été une pétition contre la démolition. Voir le reportage de Lisa Hor et Noé Salem.