Huit cents habitants d'une copropriété, la résidence La Bruyère à Bondy en Seine-Saint-Denis, vivent depuis plusieurs semaines sans chauffage ni eau chaude. En cause: deux chaudières défectueuses.
La co-propriété est endettée et n'a pas les moyens de faire les travaux nécessaires. Elle fait l'objet d'un plan de sauvegarde et a été placée sous administration judiciaire depuis 2000.
"Les trois chaudières de la résidence sont irréparables. Aujourd'hui, une seule fonctionne encore tant bien que mal, mais elle fuit de partout ce qui fait qu'elle consomme énormément d'eau et d'électricité et qu'elle s'arrête régulièrement", reconnaît-on dans l'entourage du maire PS de Bondy, Sylvine Thomassin.
"Même le bétail quand on le met dans une grange, il a chaud", pestait Sammy Ghaddab en faisant visiter les appartements de la résidence La Bruyère, que des habitants tentaient vendredi de chauffer avec des convecteurs électriques d'appoint. "J'ai passé Noël et le jour de l'an comme ça!", s'est-il indigné.
"Chez moi je mets un jogging, un gros pull et deux paires de chaussettes. Ma chambre est un congélateur, c'est injuste", raconte Ozlem Erdogan, qui n'ôte pas son manteau lorsqu'elle rentre dans l'appartement où elle vit avec ses parents et un frère. Dans la cuisine, l'eau est froide.
Selon les habitants, l'eau est au mieux tiède depuis novembre.
"Je travaille dans le commerce, je dois être propre sinon je perds mon emploi. Donc je fais bouillir de l'eau dans une casserole tous les matins pour faire une petite douche, alors que je paie plus de 600 euros de charges par trimestre!", se plaint Hadda Ouhab.
Une cinquantaine d'habitants en colère se sont rassemblés jeudi soir au commissariat de Bondy, et ils sont allés faire part de leurs doléances vendredi au président du tribunal de grande instance (TGI) de Bobigny, Rémy Heitz.
A la mairie, on reconnaît "l'urgence" de la situation, et on envisage de se substituer à l'administrateur judiciaire dès lundi soir s'il s'avère qu'il ne dispose pas de la trésorerie nécessaire pour engager rapidement des travaux.
Une chaudière mobile pourrait venir en renfort dès la fin de la semaine prochaine en attendant de pouvoir installer des chaudières neuves, ce qui peut prendre plusieurs semaines.
Voir le reportage de Séverine Larrouy et Frédéric Askienazy