Un détenu a asséné plusieurs coups de ciseau au visage d'un ophtalmologue qu'il était venu consulter à l'infirmerie de la maison d'arrêt de Villepinte. Blessé à l'œil, le médecin pourrait ne pas retrouver la vue.
Le détenu était venu à l'infirmerie consulter un psychiatre. Il est tombé sur l'ophtalmologue avec lequel il avait apparemment eu une altercation il y a quelques semaines, et se serait jeté sur lui "en furie". C'est ce qu'affirme une infirmière présente sur place au moment des faits. Le médecin avait "déjà eu une altercation il y a quelques semaines" avec le détenu, qui était venu à l'unité médicale pour "voir le psychiatre" lundi matin dans l'unité médicale de la prison.
«Un acte préparé»
Le médecin a été blessé de plusieurs coups de ciseau portés au visage, notamment près de l'œil. Le détenu tenait "un demi-ciseau affûté" et un stylo surmonté de lames de rasoir a été retrouvé sur lui lors de la fouille après l'agression", a expliqué l'infirmière, précisant que le médecin avaient de nombreuses plaies suturables. "Son oeil gauche a triplé de volume et il a été vu en urgence par un autre ophtalmologue car il n'est pas sûr qu'il retrouve la vue", selon l'infirmière.
Cette version des faits a été confirmée par la préfecture de Seine-Saint-Denis. "Le médecin, blessé près de l'oeil, a été hospitalisé", a-t-on précisé, évoquant une "agression très brutale" par un "détenu qui était en suivi psychiatrique".
Selon l'infirmière, la douzaine de soignants présents a exercé son droit de retrait lundi après-midi, n'examinant que les patients relevant d'une "urgence vitale", et ils comptaient faire de même mardi matin.
D'après Jérôme Massip, secrétaire général du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) non gradés, "cet acte, il l'avait préparé", Selon lui, le détenu avait été transféré à la maison d'arrêt en mai 2012 depuis l'Espagne, où il avait été condamné en mars 2011 à sept ans de prison pour tentative d'assassinat. "Cette agression illustre le problème toujours non résolu de l'incarcération des personnes relevant davantage d'un établissement psychiatrique que d'un établissement pénitentiaire", estime le syndicat dans un communiqué.
"Il n'y avait jamais eu d'agression sur le personnel en blouse blanche, par contre les insultes c'est notre lot quotidien", a souligné l'infirmière, disant "en avoir marre de (se) taire, d'aller travailler la peur au ventre pour une prime de risque de 97,69 euros" par rapport aux infirmiers en hôpital. "J'aime mon métier, mais on voudrait un peu plus de sécurité et un peu plus de respect".
Le détenu, d'abord enfermé dans le quartier disciplinaire, a ensuite été placé en garde à vue au commissariat de Villepinte, selon la préfecture.