C'est un Mérinos de Rambouillet. A ce titre, il est un emblème national : Lorenzo a 3 ans est unique en son genre. Au salon de l'agriculture, il est l'une des 7 mascottes et représente les ovins. Avec lui on voyage dans l'histoire de France.

 

Des claquements sourds ; des grandes cornes "spiralées" à section triangulaires si caractéristiques s’affrontent… Lorenzo avec la vingtaine de béliers mérinos de la Bergerie Nationale à Rambouillet, est un faux calme. Les abreuvoirs pourtant en fonte en voient de toutes les couleurs. Les reproducteurs s’évaluent en faisant jouer leurs muscles de temps à autre. Ils se regroupent, se poussent. Savent faire front face au chien ; le border-collie se doit d’être précautionneux en approchant. Au milieu, Lorenzo est le seul à être couvert d’un manteau. Sa laine ainsi préservée, il est préparé pour le salon de l’Agriculture. Il est la mascotte des ovins. Il est aussi un symbole national.
Car Lorenzon, n’est pas n’importe qui… Il est à lui seul une page d’histoire. Il incarne l’histoire. Avec lui le temps s’est arrêté. Sa race, les Mérinos de Rambouillet, était identique il y a 230 ans. C’est ce qui le rend unique. Contrairement à toutes les autres races, chez les ovins et même dans la quasi totalité des espèces domestiquées, les années et leurs cortèges de modifications des modes de vies, de révolutions industrielles, n’ont pas eu prise sur lui. Les mérinos n’ont pas connu d’évolutions. Une spécificité unique au monde. Ses caractères génétiques sont préservés en l’état et ressemblent en tous points à ceux de ses aïeux , quand Louis XVI leur a fait traverser le pays en provenance de la péninsule ibérique. Le roi d’Espagne avait répondu favorablement à la demande de son cousin français : il avait cédé un troupeau des plus jolis spécimens de cette race spécialisée pour sa production de laine –production supérieure de près de 30%- à celle des autres races ovines.
A l’époque tous les habits chauds étaient fabriqués à partir de cet «or blanc». Le dessein était économique et stratégique. il s'agissait pour Louis XVI de s’affranchir des importations et d'accéder à l’autonomie de production.

Lorenzo avec son capital génétique sans pareil se prépare pour le SIA


D'ailleurs, comme principal levier économique encore, le développement de l'agriculture dans tous les domaines sera constamment au coeur des politiques menées. Le souci de la génétique et de la préservation des races sera poursuivi par Napoléon après la révolution, avec le lancement des fermes expérimentales. Quelques années plus tard, Napoléon III reprendra le relais avec la création de l’INRA.
Pas facile de maintenir l’immuabilité de la race. « Il faut veiller à éviter la consanguinité et éliminer les sujets dont les caractéristiques conduiraient à l’altération du standard. C’est d’autant plus difficile quand l’apport de « sang neuf » est par définition exclu souligne Gaetan Audoin, berger à Rambouillet. Pas facile et coûteux. « Au lieu de prévoir un mâle pour 50 brebis, les lots sont plus nombreux et plus petits, au maximum 10 brebis ». La recherche de stabilité de la race porte également en  elle d’autres inconvénients. Moins autonome au moment des naissances, moins de lait que d’autres races, un instinct maternel moins développé… « Cette race était non seulement sélectionnée à l’époque pour ses capacité de production lainière mais répondait aux critères d’un contexte de main d’œuvre pléthorique. » continue Jean-Michel Charles, directeur d’exploitation de la Bergerie Nationale. « Le ou les bergers étaient présents jour et nuit auprès des bêtes. Pour les surveiller, les assister au besoin, comme leurs propres enfants. Et il y a plus de 200 ans, le Mérinos était ce qui se faisait de mieux. Leurs cornes étaient une fierté tout comme un produit également à valoriser (bijoux, etc.). »
Depuis les modes de vies ont changé et avec eux, les besoins, les attentes, les contraintes. Le progrès technique a apporté d’autres matières textiles, non naturelles, moins chères. La main d’œuvre s’est raréfiée, la sélection a privilégié et stabilisé d’autres caractéristiques et des races nouvelles sont apparues. Comme la « INRA 401 », appellation trop technocratique devenue depuis lors, la Romane.
Aujourd’hui l’élevage a pour objectif la production carnée et laitière. Aujourd’hui il ne serait pas envisageable, ne serait-ce que d’un point de vue de la rentabilité, de garder comme race principale un Mérinos. Avec sa surface de peau (plissée) plus ample que les autres, pour augmenter l’implantation de poils, mais du coup plus difficile et donc plus long à tondre. Même leurs cornes, très larges, représentent dans un élevage classique moderne un écueil dans les couloirs de manutention…

« Malgré tout, et ce n’est que justice, les races actuelles ont toutes un peu de Lorenzo dans le sang. Le Mérinos à été diffusé, considéré comme améliorateur de race, » précise G. Audoin.
A trois ans Lorenzo, pèse 65 kilos, presque moitié moins qu’un bélier élevé pour la viande. Au salon il sera  comme tous les jours accompagné par Gaetan, pas tout à fait 25 ans. Nous retrouverons ce berger, très investi, dans les allées du Parc des Expositions avec son autre casquette… Il accompagne une équipe de jeunes, sélectionnée pour la finale nationale du concours des meilleurs bergers  de France.

Repères : Lorenzo comme les autres ovins, mange l’équivalent de 3,5 litres de foin et boit 3 à 4 litres d’eau par jour.

>> Toutes les informations et visites possible à la Bergerie Nationale : www.bergerie-nationale.educagri.fr/

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