Deux policiers accusés par une touriste canadienne de viol au sein même du 36, quai des Orfèvres, siège de la PJ parisienne, ont été mis en examen pour viol en réunion, dans la nuit de samedi à dimanche 27 avril. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.
Samedi, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire pour viol en réunion et modification de l'état des lieux d'un crime. Deux policiers
Les faits présumés se sont déroulés dans la nuit de mardi à mercredi 23 avril. Selon des sources proches du dossier, la plaignante, âgée de 34 ans, affirme avoir rencontré les policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel où beaucoup de policiers ont leurs habitudes. Après une soirée arrosée, elle aurait accepté de suivre un capitaine de la BRI dans les célèbres locaux du "36", juste de l'autre côté de la Seine, pour visiter les lieux. Des témoins l'ont aperçu et décrivent la jeune fille "guillerette et joyeuse", détaille Le Monde. En ressortant, "en pleurs" et visiblement sous le choc, toujours selon le journal. Son discours est décousu, elle est hystérique, ajoute le JDD. Elle évoque alors le vol de son blouson et affirme à l'agent de faction avoir été violée. La victime est alors escortée jusqu'au commissariat du 4e arrondissement, où elle est entendue et dépose immédiatement plainte. Là, elle répète ses accusations en détaillant son récit. Trois ou quatre hommes auraient abusé d'elle. Elle reconnaît certains visages sur des photographies. Elle explique que l'officier aurait abusé d'elle dans son bureau, avant d'être rejoint par un brigadier et un major qui étaient également présents au bar.
L'un des deux policiers mis en examen a reconnu une relation sexuelle avec la plaignante, mais consentie. Il conteste "fermement" tout viol, a déclaré son avocat Sébastien Schapira. Il avait nié tout rapport dans un premier temps, comme ses collègues, qui n'ont eux pas modifié leur position.
Deux autres hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) entendus par les enquêteurs ont été remis en liberté samedi. Le premier a été relâché dans la journée sans aucune charge au terme de 48 heures de garde à vue. Il aurait simplement croisé la jeune femme après les faits, alors qu'il repassait au "36" pour lui rapporter son blouson oublié au bar, explique le JDD. Le second policer relâché a été placé dans la soirée sous le statut de témoin assisté par un juge d'instruction.
Les policiers sont mis en examen pour viol en réunion. Il s'agit d'un crime passible de la cour d'assises. Tout va dépendre désormais de la suite des investigations. En attendant, "le fait même d'être venus après une soirée dans les locaux de la PJ risque d'entraîner des sanctions", affirme une source au ministère de l'Intérieur.
L'enquête
Les premiers examens médicaux témoignent bien d'un ou plusieurs rapports sexuels, et d'une légère blessure compatible avec un rapport non consenti, affirme Le Monde. De premiers examens médicaux ont été réalisés ainsi que des prélèvements ADN, mais les résultats de ces analyses ne sont pas encore connus.
Par ailleurs, des perquisitions ont été menées au domicile des policiers par les enquêteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", qui se sont également déplacés sur le lieu du viol présumé. Selon une source proche de l'enquête, les bas et les lunettes de la jeune femme ont disparu au moment des faits qu'elle dénonce. Les enquêteurs vont désormais également confronter les différentes versions, et étudier les images de la vidéosurveillance du "36", dont les accès sont surveillés par des caméras.
Réactions
Interrogé à Marseille, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait assuré vendredi qu'il prendrait les sanctions qui s'imposent si les faits étaient établis : "Je souhaite que la justice et l'Inspection générale de la police aillent au terme de leurs investigations pour que la vérité soit faite."
L'affaire a provoqué une onde de choc au siège de la PJ parisienne, le légendaire "36" abritant des services d'élite comme la Brigade criminelle ou la BRI ou antigang.
Le point avec Céline Cabral et Colette Zagaroli
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