Lundi 16 juin, les militants du parti radical commenceront à voter pour élire leur président. Rama Yade, conseillère régionale d'Ile-de-France affronte Laurent Hénart, maire de Nancy. Forte notoriété médiatique mais faible poids politique, c'est ce paradoxe que Rama Yade doit surmonter.
Vu à la télé contre vu dans le parti. Rama Yade face à Laurent Hénart.
La campagne pour la présidence du parti radical ne se résume pas qu'à un concours de tête de gondole, mais c'est un des éléments de la confrontation, alors que les militants du plus vieux parti de France vont voter pour élire le successeur de Jean-Louis Borloo à partir du lundi 16 juin.
Minorité visible
Rama Yade n'est que conseillère régionale d'Ile-de-France alors que Laurent Hénart vient d'être élu maire de Nancy. Il a adhéré au parti en 1991 alors que l'ancienne secrétaire d'Etat au sports n' a sa carte que depuis 3 ans. Le poids politique est en sa défaveur mais elle tente de l'équilibrer par sa notoriété médiatique.
"Rama Yade, c'est vu à la télé si vous voulez. Mais pourquoi elle marque les esprits quand elle passe à la télé ? Parce qu'elle a beaucoup de choses à dire et qu'elle les dit avec sincérité", explique un militant radical rencontré samedi à l'occasion d'une réunion publique que tenait la candidate à Paris. "Cette notoriété est importante par rapport à la visibilité que l'on veut donner au parti sur le plan national" surenchérit un autre soutien". "Je vote Rama Yade parce qu'elle est plus connue et que c'est une personnalité très forte....Elle est exactement ce que les Français attendent aujourd'hui en terme de renouvellement de la classe politique", conclut Christian Saint-Etienne, ancien chef de file de l'UDI pour les municipales à Paris.
Une nouvelle querelle de l'ancien contre la moderne se jouerait donc place Valois. "Je préfère être le candidat qui sait gagner des élections que celui de la télé-réalité", répond Laurent Hénart qui ironise sur les défaites électorales de Rama Yade aux diverses élections à laquelle elle s'est présentée. Rama Yade sait que cette absence de fief électoral est une faiblesse. Elle a retourné cet argument lors de sa déclaration de candidature, expliquant "que c'est parce qu'elle n'avait pas (encore) de mandats nationaux qu'elle avait du temps disponible pour s'occuper du parti".
Et hier, au micro de France 3 Paris, elle assume son avantage médiatique même si elle ne résume pas sa candidature à sa notoriété. "Oui c'est un atout, mais je préfère insister sur ce qui est le fruit d'un travail de longue haleine. L'inverse est quand même inquiétant. Si vous êtes là depuis 20 ans dans un parti et que les gens ne savent toujours pas ce que vous fâites ou ce que vous avez fait, c'est un souci. Car eux (les militants) ils ont besoin de faire connaître leurs valeurs et leurs idées", déclare la conseillère régionale d'Ile-de-France.
Une campagne tendue
Samedi, Rama Yade a préféré sécher le conseil national de l'UDI pour aller faire campagne à Nantes. Un choix d'agenda tout sauf innocent censé montrer qu'elle est proche de la base militante et non de l'appareil. Elle sait qu'elle doit combattre une réputation de diva des meetings. Trop dilettante, trop perso, trop incontrolable pour ses détracteurs. Sa boutade étrange sur une invitation à la coupe du monde de foot résumerait son profil. Trop libre, répondent ses soutiens. "Elle arrivait toujours en retard aux réunions de préparation des européennes. Elle s'assoit au fond avec sa petite bande et ça bavarde et ça regarde son téléphone", persifle un membre de l'Alternative. "Lors de cette campagne pour la présidence du parti radical, Rama a fait preuve de beaucoup d'humilité. Elle a fait le tour des fédérations dans toute la France. Elle rencontré tout le monde qu'il y ait 9 ou 100 personnes commes interlocutrices", rétorque un de ses conseillers.
L'autre argument avancé contre Rama Yade est plus politique. Elle serait trop proche de Nicolas Sarkozy et ce ne serait pas un gage d'indépendance vis-à-vis de l'UMP. Hier soir, elle a rappelé qu'elle avait rompu avec l'UMP dans le sillage de Jean-Louis Borloo et elle est revenue sur la campagne présidentielle de 2012. "Rallier Sarkozy au moment où il droitisait sa campagne, ça a été douloureux cette affaire", déclare-t-elle devant les militants. Mais aujourd'hui, le JDD affirme qu'elle demande à l'UMP l'investiture pour un mandat de sénatrice des Français de l'étranger. "De la pure intox", dément son entourage.
En cette fin de campagne, l'ambiance se tend entre les deux candidats sur fond d'accès aux fichiers militants, d'adhésions massives en dernière ligne droite ou de soutien officieux de Jean-Louis Borloo. Des polémiques qui chagrinent les militants les plus neutres qui y voient une occasion manquée de se distinguer des autres partis. "Nous sommes des radicaux de combat. Mais après les élections, ne soyons pas des radicaux fratricides", prévient Michel Montaldo, président de la fédération du Val d'Oise.
Des élections observées avec attention par le reste de l'UDI et qui serviront de répétitions à l'élection de la présidence de la fédération centriste cet automne.