Scène d'horreur à deux pas du commissariat d'Argenteuil en région parisienne: deux hommes, dont l'un décapité, ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi, et le témoin qui a alerté la police est en garde à vue.
Le drame s'est noué vers 3H30 au quatrième étage d'un immeuble d'une rue calme du centre-ville de cette commune du Val-d'Oise. Les deux victimes, qui n'étaient pas encore formellement identifiées dans la matinée, ont entre "25 et 30 ans" et semblaient vivre en colocation avec la personne interpellée, selon les premiers éléments.
Le premier homme, prénommé Alexandre, a été découvert "agonisant sur le trottoir devant l'immeuble". "Il était à l'aplomb des fenêtres de l'appartement mais il portait une plaie à l'arme blanche au niveau du cou et des plaies de défense aux mains", a déclaré le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, qui s'est rendu sur place dans la nuit. Selon lui, "il a essayé de s'exprimer auprès des policiers mais a succombé avant l'arrivée des secours".
En montant dans l'immeuble, les enquêteurs ont ensuite découvert un second corps "décapité, dans la cuisine" de l'appartement, a ajouté M. Jannier. Il se prénommait Lionel.
Un peu plus tôt dans la soirée, l'une des victimes, Alexandre, avait été interpellé par la police pour une tentative de vol à Enghien-les-Bains (Val-d'Oise), a précisé le procureur, ignorant pour l'heure si les deux faits étaient liés.
Mercredi matin, la police scientifique s'activait encore au pied de l'immeuble dont l'accès était barré. Dans une rue adjacente, les enquêteurs avaient installé une tente blanche à côté de laquelle était posé un brancard recouvert d'une bâche orange, et des véhicules du service propreté de la ville s'affairaient pour nettoyer les traces de sang.
Troisième homme
Les policiers avaient été alertés dans la nuit par un homme faisant état "d'une dispute dans l'appartement". Il s'agit d'un "témoin important, susceptible de donner des éléments sur ce crime", a estimé sur place Loïc Travers, secrétaire régional du syndicat de police Alliance. L'homme, âgé de 29 ans et issu de la communauté antillaise anglophone, a été interpellé sur place et placé en garde à vue.
"Pour le moment, il est juste suspecté d'être plus impliqué que ce qu'il veut bien dire", a indiqué le procureur. "Il évoque une dispute entre les deux victimes mais est resté très flou". "Il a été très peu disert", a dit une source proche de l'enquête, ce qui pourrait aussi s'expliquer par son état de choc ou le fait qu'il ne parle pas bien français.
"Il n'est pas encore clairement établi qu'il était présent quand les faits se sont produits. Peut-être qu'il rentrait juste chez lui et qu'il a eu une vision apocalyptique en voyant une tête coupée par terre", a ajouté cette source. Son implication présumée est encore "mystérieuse" selon une autre source proche du dossier, qui précise qu'il n'avait "pas de sang sur lui, ni sur les mains, ni sur les vêtements".
L'arme du crime n'a pas été retrouvée mais plusieurs couteaux ont été saisis dans la cuisine et sont en cours d'expertise. "Je suis stupéfait", a déclaré un voisin, Larbi Abbad, qui dit avoir été réveillé par les gyrophares en pleine nuit.
Une enquête, confiée à la police judiciaire de Versailles, a été ouverte.