La révélation par le "Canard Enchaîné" du coût de revient de l'appartement que la CGT a loué et fait rénover pour loger son secrétaire général à Vincennes (94) a plongé le syndicat dans l'embarras. Et déclenché une enquête interne à la CGT qui veut savoir d'où vient la fuite.
C'est parce que la CGT a élu pour la première fois un secrétaire général de province que le problème de son logement s'est posé. Et c'est pour cette raison que la centrale syndicale a pris la décision de louer un appartement proche du siège de la CGT. Mais le trésorier de la CGT reconnaît "On n'a pas osé le loger à Aubervilliers ou à Clichy".
Le choix s'est donc porté sur un appartement de 120 mètres carrés dans une banlieue nettement plus résidentielle, Vincennes, en bordure du bois. Et l'appartement était intégralement à refaire. Résultat : une facture de travaux de 130 000 euros, des aménagements coûteux dont certains apparaissent comme luxueux pour un appartement dont le loyer mensuel est de 2000 euros (un prix relativement raisonnable pour l'endroit).
Le coût de ce logement agite, depuis quelque temps, les couloirs du siège du syndicat et un document circule "sous le manteau" dit le Canard, qui détaille les travaux et les coûts. Selon l'hebdomadaire satirique, les travaux pour cet appartement ont coûté 130.000 euros à la CGT, mais le devis initial était encore plus élevé (150.000 euros). Le numéro un de la CGT aurait renoncé à quelques dépenses comme l'installation d'un home cinéma ou d'une cave à vins.
Dans un communiqué, la CGT a donc justifié ces dépenses, dont elle n'a pas contesté le montant, par la nécessité de "mettre à disposition un logement de fonction en région parisienne entièrement équipé" à Thierry Lepaon, qui vit en province. Mais le syndicat se serait évidemment passé de cette affaire certes légale mais qui "fait désordre". Le trésorier de la CGT, Eric Lafont, a annoncé qu'il avait lancé une enquête interne, "car il s'agit vraisemblablement d'un document qui a été dérobé à l'intérieur de nos services", faisant référence au devis des travaux cité par l'hebdomadaire satirique.
A la mi-journée, ce mercredi 29 octobre,Thierry Lepaon n'avait toujours pas réagi et les dirigeants cégétistes ne se pressaient pas pour défendre leur secrétaire général.
Cette affaire éclate alors que Thierry Lepaon vient d'évoquer, pour la première fois, l'hypothèse de solliciter un second mandat à la tête du syndicat. Selon les spécialistes, elle ramène en pleine lumière le fait que Thierry Lepaon, depuis le début de son mandat, a un vrai problème de légitimité ou de crédibilité auprès de la centrale et de ses principaux dirigeants.
Thierry Lepaon est arrivé à la tête de la confédération en mars 2013, après une longue crise du succession ouverte par le départ de Bernard Thibault, en poste depuis 1999. L'ex-ouvrier était à l'époque apparu comme un "candidat par défaut", alors que M. Thibault voulait imposer une femme à la tête de la CGT, contre le souhait de nombreux cadres.