Le maire communiste de Stains, l'une des communes les plus déshéritées de Seine-Saint-Denis, va se mettre "en grève" mercredi pour protester contre la baisse des dotations aux collectivités locales, qui inquiète de nombreux maires de banlieue.
"A Stains, on regarde les dépenses à l'euro près. On ne peut pas gratter les budgets jusqu'à l'os !", s'emporte Azzedine Taïbi, dont la commune de 35.000 habitants devrait selon ses calculs perdre 3 millions d'euros de dotations de l'État d'ici 2017, sur un budget de fonctionnement total de 48 millions d'euros.
Mercredi matin, la mairie sera fermée et un rassemblement sera organisé devant l'hôtel de ville de cette banlieue nord de Paris. Selon le maire, la baisse des dotations publiques met en péril un centre de santé municipal qui comptabilise 25.000 actes médicaux par an, et plusieurs projets de rénovation d'écoles. Stains est l'une des villes les plus déshéritées de Seine-Saint-Denis. Seul quatre ménages sur dix sont imposables, et selon la municipalité, le taux de chômage a flambé à près de 25% depuis la crise.
Le budget 2015 de l'État prévoit une diminution de 3,7 milliards d'euros de ses dotations aux collectivités locales. Cette baisse a provoqué l'ire des élus locaux, notamment de maires communistes et écologistes de banlieue, qui font valoir que leurs villes ont des besoins spécifiques et dépendent plus que d'autres des aides de l'État.
En plus, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé en avril une baisse de 11 milliards d'euros des concours aux collectivités locales de 2015 à 2017 (-3,670 milliards l'an prochain, sur un total de 67,6 mds). Cette réduction va plonger beaucoup de collectivités dans "l'impasse financière", selon un rapport sénatorial publié plus tôt en novembre.
La démarche de M. Taïbi rappelle, toutes proportions gardées, la grève de la faim menée pendant six jours en 2012 devant l'Assemblée nationale par le maire EELV de Sevran Stéphane Gatignon, pour obtenir une augmentation des aides pour les communes les plus déshéritées. Sa ville avait obtenu de l'Etat une rallonge exceptionnelle de 5 millions d'euros.