Les audiences étaient suspendues lundi aux prud'hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), 2e plus grande juridiction de ce type en France, en raison d'un mouvement de protestation de conseillers prud'homaux contre la réforme de la justice du travail, a rapporté la présidente de ce tribunal.
A l'appel de trois syndicats (CGT, FO et Solidaires), des conseillers prud'homaux élus dans le collège "salariés" ont décidé de faire une "grève des audiences" lundi matin, a précisé Jamila Mansour, présidente de ce conseil prud'homal, et elle-même représentante de la CGT. Le mouvement a entraîné le blocage du tribunal lundi, et doit durer jusqu'à jeudi, jour où l'Assemblée nationale examinera un texte qui autoriserait à modifier le mode de désignation des juges prud'homaux, chargés de trancher les litiges entre salariés et employeurs.
Jusque-là les conseillers des prud'hommes, représentant en nombre égal les employeurs et les salariés, étaient élus tous les cinq ans. La réforme voulue par le gouvernement prévoit de les désigner à l'avenir en fonction de la représentativité des syndicats et du patronat. "C'est la fin des conseils de prud'hommes indépendants. Il en va de la démocratie sociale et de l'indépendance de la justice", a déclaré Mme Mansour, qui dénonce des attaques "sans précédent" de cette juridiction par le gouvernement.
Au-delà de ces revendications nationales, les conseillers prud'homaux de Bobigny dénoncent "le manque de moyens" dans cette juridiction de Seine-Saint-Denis, alors même que le nombre d'affaires aurait augmenté de 75% l'an passé en raison de la crise économique, selon Mme Mansour.