Polémique "Exhibit B": le spectacle se poursuit dans un climat tendu à Saint-Denis

Le spectacle "Exhibit B", objet de polémique depuis quelques jours, s'est poursuivi vendredi alors qu'une cinquantaine de personnes manifestaient devant le théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis pour demander l'annulation de l'exposition du Sud-Africain Brett Bailey.

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Jeudi soir, lors de la première, des incidents et l'intrusion dans le théâtre par une dizaine de manifestants avaient contraint à annuler des représentations.
L'installation "Exhibit B" plonge dans l'histoire coloniale en montrant des tableaux vivants de Noirs tels qu'on les exposait dans les foires et expositions aux XIXe et XXe siècles.

Vendredi, tandis que les spectateurs rentraient au compte-gouttes dans le théâtre, protégé par un important dispositif policier, une cinquantaine de personnes, majoritairement des Noirs, étaient rassemblées derrière une pancarte "Exhibit B ou les privilèges de l'homme blanc" et scandaient "Annulez, Annulez" ou "Respectez nos ancêtres".

Quelques mouvements de foule et bousculades ont rythmé la manifestation qui avait dégénéré la veille, les détracteurs déplaçant les barrières pour empêcher les spectateurs d'entrer.

Trois personnes ont été interpellées pour "violences sur fonctionnaires de police", a précisé sur place une source policière.

Vers 21H30, le mouvement commençait à s'essouffler et une dizaine de personnes demeuraient devant le théâtre, promettant au cordon de CRS et de gendarmes mobiles qui les encadraient de revenir samedi , a constaté une journaliste de l'AFP.

Le directeur du théâtre a déploré un "viol de la liberté d'expression" et assuré que sa programmation se poursuivrait comme prévu, jusqu'à dimanche. "Hier, un acte symboliquement violent, l'invasion du théâtre, a été commis. Prenant acte de ce qui s'est passé, le débat prévu ce soir est reporté mais oui, on joue!", a déclaré à la presse Jean Bellorini.

Ce spectacle, joué l'an passé au Centquatre à Paris sans incidents, est en butte à une pétition demandant son interdiction. Pour ses détracteurs, il est "humiliant" et "raciste".

"Ces gens-là ne sont pas la majorité. On ne rentrera pas dans leur jeu, mais ils ne peuvent pas empêcher les gens de venir se faire leur propre opinion, c'est une question de démocratie", a insisté José-Manuel Gonçalvès, directeur du Centquatre, où "Exhibit B" sera installé du 7 au 14 décembre.

Plusieurs associations antiracistes, telles que la Ligue des droits de l'Homme (LDH), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et
le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), ont apporté vendredi leur soutien à ce spectacle et condamné les violences.

En plus du débat public qui était prévu à 19H30, la venue de collégiens et de lycéens a également été annulée "par sécurité".

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