Deux hommes lourdement armés ont attaqué mercredi matin, 7 janvier, le journal satirique Charlie Hebdo, aux cris de "AllahouAkbar", tuant douze personnes dont les dessinateurs Cabu et Wolinski, dans le plus grave attentat en France depuis plus d'un demi-siècle.
Les auteurs de l'attentat sont pour l'instant, toujours en fuite.
Douze personnes ont été tuées dont deux policiers. L'attaque a aussi fait onze blessés, dont quatre sont dans un état très grave.
"Vers 11H30, deux hommes, armés de kalachnikov, ont fait irruption" au siège du journal satirique dans l'est parisien et "un échange de feu a eu lieu avec les forces de l'ordre", raconte un enquêteur. Ils ont ensuite pris la fuite en voiture, braqué un automobiliste et percuté un piéton.
Pour les policiers, le mode opératoire des tueurs, leur calme, leur détermination et leur efficacité, sont la marque d'hommes entraînés militairement. Un témoin travaillant en face des locaux de "Charlie" a décrit "des corps à terre, des mares de sang, des blessés très graves". Des témoins ont raconté avoir entendu, "à 11H30 pile, une trentaine de coups de feu pendant une dizaine de minutes", "c'était fort, répété, très impressionnant".
Charb, Wolinski, Cabu et Tignous, figures historiques de "Charlie", connus pour leurs dessins irrévérencieux, provocateurs, figurent parmi les morts. L'économiste et chroniqueur de France-Inter Bernard Maris aussi.
Vigipirate au niveau maximal
Le plan Vigipirate a été relevé à "alerte attentats", le niveau le plus élevé, en Ile-de-France et les sorties scolaires à Paris ont été suspendues. Selon l'Intérieur, près de 500 CRS et gendarmes mobiles ont été déployés en renfort dans la capitale.
Les réactions indignées se sont multipliées dans le monde. Le secrétaire d'Etat John Kerry a assuré, en français, "les Parisiens et tous les Français" du soutien des Américains. Ban Ki-moon s'est dit consterné, tandis qu'Angela Merkel condamnait un "attentat abominable". Des milliers d'internautes ont exprimé leur émotion derrière le hashtag #jesuischarlie.
Moins d'une heure après l'attaque contre l'hebdomadaire satirique, le chef de l'Etat, François Hollande, s'est rendu sur les lieux de l'attentat pour lancer un appel à l'"unité nationale". Dévalant les marches du perron de l'Elysée, il s'est engouffré dans sa voiture suivi d'un véhicule de ses services de sécurité. Et dès son arrivée sur les lieux de l'attentat encore ensanglantés, François Hollande a dénoncé "un acte d'une exceptionnelle barbarie (...) contre un journal, c'est-à-dire l'expression de la liberté" et "contre des journalistes" et des policiers, tous "lâchement assassinés".
François Hollande en première ligne
Le président a ensuite regagné l'Elysée, où la sécurité a été fortement renforcée et les drapeaux mis en berne, pour y tenir une réunion interministérielle de crise avec le Premier ministre Manuel Valls qui rappelait celle que Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient tenue dans la foulée du 11 septembre 2001.
Devant les locaux de Charlie Hebdo, le chef de l'Etat a souligné que de nombreux attentats avaient été déjoués ces derniers temps en France.
Dans l'après-midi, François Hollande s'est rendu en toute discrétion auprès de la cellule d'urgence médico-psychologique mise en place à l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu après l'attentat pour y retrouver pendant une demi-heure des témoins choqués.
Ce soir, mercredi, le Président de la République s'exprime en direct à 20 heures devant le pays.
Aujourd'hui, les enquêteurs ont lancé un appel à témoin pour tenter d'accélérer l'enquête. Toute personne ayant des renseignements ou ayant été témoin est priée d'appeler le 08 05 02 17 17