Le film « Le dernier chasseur de rennes » suit la redécouverte d’un peuple aujourd’hui quasiment disparu qui habitait le Bassin Parisien il y a 14.000 ans : les saamis. A cette époque, la banquise descendait pratiquement jusqu’à la frontière nord de la France. En Île-de-France, le climat était froid et le paysage s’apparentait à une toundra arbustive en été. C’est là, à la confluence de la Seine et de l’Yonne, que des groupes de chasseurs équipés de sagaies guettaient les rennes lors de leurs migrations...
Sur le site de Pincevent, en bord de Seine, les scientifiques exhument depuis 50 ans les vestiges de ces campements de chasseurs de rennes. Là, des foyers, des épandages d’os et de silex, des trous de poteau, des amoncellements de bois de renne, racontent les chasses passées. Ils signalent les restes d’habitats préhistoriques, des lieux d’activités où les hommes de cette époque fabriquaient leurs armes, découpaient les carcasses, nettoyaient les peaux, confectionnaient des vêtements
Un peuple de chasseurs qui disparait d'un coup...
En réalité, tous ces vestiges correspondent à de petits campements saisonniers, liés à la migration des rennes à la fin de l’été, lorsque les animaux redescendaient vers le Sud. Année après année, la communauté des chasseurs revenait sur ces terres, dressant leurs quelques tentes toujours aux mêmes endroits, en retrait du cours d’eau.
Mais qui étaient véritablement ces chasseurs ? Une chose est sûre : ils ne sont pas les ancêtres des Franciliens actuels. Non, ils ont un jour disparu, après des siècles d’occupations continues, laissant ces bords de Seine déserts pendant des millénaires… Que s’est-il donc passé ? Y-a-t-il eu un cataclysme, une famine, une guerre ? Quel évènement majeur pourrait ainsi provoquer la disparition d’un peuple ?
L'ethnologie en renfort de l'archéologie
Un ethnologue, Charles Stépanoff, spécialiste des communautés natives du nord de l’Europe, s’intéresse lui aussi au site archéologique de Pincevent. Il le considère comme une fenêtre sur un des moments clés de la vie des communautés qu’il étudie. Selon lui, à la fin de la dernière glaciation, le réchauffement climatique a poussé les rennes à remonter plus au nord. Les populations qui tiraient l’essentiel de leur subsistance de ces animaux ont suivi le mouvement, quittant les bords de Seine pour des contrées plus nordiques.
Avec le temps, les descendants de ces chasseurs ont été assimilés aux cultures scandinaves actuelles. Mais il existe encore quelques communautés marginales, dans les territoires isolés des Scandes norvégiennes, qui conservent un mode de vie assez traditionnel. Et les analyses ADN, effectuées au Max Plank Institute de Iéna sur des ossements issus du site de Pincevent, confirment bien le lien de parenté avec ces nomades.
Une expédition à la rencontre des descendants des chasseurs de rennes franciliens
Archéologues et ethnologues français et norvégiens ont donc mis sur pied une expédition rencontrer les descendants de ceux qu’ils ont exhumés à des milliers de kilomètres de là, sur les bords de Seine. Pour comprendre l'humain derrière les vestiges.
Le documentaire de Laurent-Jacques Costa et Jean-Philippe Martinetti raconte cette expédition, les échanges entre scientifiques et nomades faits d’estime et de curiosité réciproques, et la découverte d'une communauté dont les croyances et le mode de vie ont de plus en plus de mal à résister à la modernité, même dans cette région reculée du grand nord européen...
"Le dernier chasseur de rennes", jeudi 9 mars aux alentours de 23 heures, puis sur France.tv/idf