Des personnes condamnées sous bracelet électronique auraient bénéficié de ses largesses en échange d'argent liquide : un surveillant pénitentiaire de 26 ans a été mis en examen pour "corruption passive" et "connivence à évasion", a-t-on appris lundi auprès du parquet de Créteil.
"On a des personnes sorties de prison qui pouvaient ne pas être surveillées du tout", raconte une source proche du dossier. En échange de plusieurs milliers d'euros, le surveillant aurait permis à des personnes condamnées de bénéficier d'un périmètre de liberté beaucoup plus large que celui décidé par la justice et n'aurait pas disposé conformément les alarmes de certains bracelets, qui se déclenchent quand un détenu franchit le périmètre imparti, précise une source policière.
Mis en examen en janvier, puis placé sous contrôle judiciaire, "il a démissionné dans la foulée" de son service, le pôle de placement sous surveillance électronique (PSE) du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) du Val-de-Marne, rapporte la source proche du dossier.
Parmi les cas mis en lumière par l'enquête, selon cette même source, figure celui d'un détenu qui bénéficiait d'un périmètre de liberté de "plusieurs centaines de mètres". Par ailleurs, un condamné, qui avait réussi à ôter son bracelet, n'a jamais été inquiété: "Il était peinard pendant trois mois.", a dit la source.
L'enquête a aussi fait apparaître "de nombreux dysfonctionnements" au sein du pôle PSE, chargé de la pose et du suivi des bracelets. "Une grande majorité" de ses sept agents ont été placés en garde à vue. Seul ce surveillant a été mis en examen. "On fait difficilement la différence entre les maladresses individuelles et les véritables malhonnêtetés", explique la source proche du dossier. "C'était si mal organisé qu'on est dans l'incapacité de détecter qui a vraiment géré chaque alarme. Ils ne rendaient pas compte de ce qu'ils avaient fait ou non."
La seule certitude, selon cette même source, était que "certaines alarmes n'étaient pas traitées". Il est impossible de savoir le nombre de détenus qui ont bénéficié de ces largesses. Les enquêteurs ont étudié, de manière aléatoire, une fraction des "milliers d'incidents" traités chaque mois dans le département. "Le directeur a très rapidement mis en place des procédures qui permettent désormais d'organiser la pose des bracelets et le suivi dans les incidents que cela génère", a dit à l'AFP Nathalie Becache, procureure de la République de Créteil.
Une enquête de l'administration pénitentiaire --qui n'a pas souhaité s'exprimer sur l'incident-- a également été diligentée. Le placement sous surveillance électronique est une mesure d'aménagement de peine qui permet d'exécuter une peine d'emprisonnement sans être incarcéré. Un espace de liberté de quelques mètres, permettant d'inclure l'espace de vie du condamné pendant des horaires précis, est déterminé au moment de la pose du bracelet.
Si la personne sort de ce périmètre ou ne respecte pas les horaires, elle est considérée comme étant en position d'évasion et une alarme se déclenche. Les agents du pôle du surveillance électronique sont alors chargés de déterminer "le poids" de l'alerte.