Pour la première fois au monde, des chercheurs ont réussi à rendre perméable la paroi des vaisseaux sanguins de notre cerveau. Ainsi les chimiothérapies injectées dans le sang vont pouvoir se diffuser dans l’encéphale et atteindre les cellules cancéreuses plus facilement.
Les vaisseaux sanguins de notre cerveau sont hermétiques, c’est ce que l’on appelle la barrière hémato-encéphalique. En cela, les médicaments injectés dans le sang, comme la chimiothérapie, pour combattre les tumeurs cancéreuses du cerveau ne peuvent pas toujours se diffuser suffisamment pour atteindre les cellules cancéreuses de l’encéphale.
C’est à ce problème que le professeur Alain Carpentier, neurochirurgien à l’hôpital Pitié Salpétrière AP-HP de Paris, s’est attaqué : « certaines chimiothérapies arrivent à rentrer dans le cerveau malgré ces vaisseaux. Mais bon nombre d’entre elles n’y parviennent pas. Le but a été de perméabiliser ces parois des vaisseaux pour que plein d’autres chimiothérapies puissent rentrer dans le cerveau alors qu’ils ne le pouvaient pas avant », explique-t-il.
UNE CAPSULE, DES BULLES ET DES ULTRA-SONS
Le concept est simple. Lors d’une opération préalable, le neurochirurgien place une petite capsule en plastique dans la boite crânienne. Recouverte par la peau du crâne, celle-ci est invisible.
Lorsque le patient est de retour à l’hôpital, en plus des médicaments pour la chimiothérapie, les médecins vont lui injecter des petites bulles de gaz dans le sang. C’est là que la capsule entre en jeu : une aiguille est insérée dans la capsule, et reliée à une machine. La machine, à travers l’aiguille, diffuse des ultrasons qui vont faire vibrer les bulles de gaz présentes dans les vaisseaux sanguins. En rentrant en résonnance, ces bulles de gaz vont faire bouger les plaques qui composent la membrane des vaisseaux et ainsi permettre aux médicaments de sortir de leur tunnel hermétique afin de se diffuser dans le cerveau. Mais rien ne prouve encore que ces médicaments soient pleinement efficaces.
Cependant, même si cette découverte scientifique est un réel espoir pour la lutte contre le cancer, il est encore trop tôt pour crier victoire. Une vingtaine de patients se sont portés volontaires pour essayer ce nouveau concept mais la science et la médecine prennent du temps et ont besoin de plusieurs années de recul afin de confirmer leurs résultats.
► Voir le reportage de Norbert Cohen et Mélissa Genevois
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