Les trois juges d'instruction chargés d'enquêter sur l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge en 2013 ont demandé à être dessaisis du dossier faute de moyens suffisants. Le Procureur d'Evry a refusé leur demande.
C'est le Procureur d'Evry, Eric Lallement, lui même qui a révélé l'information. Les trois juges lui ont adressé une lettre en début d'année 2015.
Dans ce courrier les magistrats ont proposé que l'enquête sur l'accident, qui a fait sept morts, soit transmise au pôle spécialisé en matière d'accidents collectifs au tribunal de grande instance de Paris. Les juges regrettent un manque de moyens humains et invoquent notamment un poste de magistrat toujours non pourvu ou encore un manque de greffes.
Ils estiment que "l'ampleur exceptionnelle des investigations menées et à mener, la technicité du domaine, le volume du dossier nécessitent de considérer que le traitement de cette seule affaire correspond à un équivalent temps plein de magistrat instructeur et de greffier".
Les explications avec Laurence Barbry
Le Procureur de la République d'Evry a rejeté leur demande. Et il s'en explique « Si l'enquête avait été transférée à Paris, il y aurait eu une perte de connaissance du dossier. » Eric Lallement poursuit « Toute la discussion entre les juges d'instruction et les enquêteurs, tout le travail devrait être repris. Cela ne m'a pas paru opportun. Je ne trouvais pas logique de perdre la substance du travail fait par les juges. »
C'est bien sûr, la difficulté, la technicité du dossier, par ailleurs absolument énorme, qui a provoqué le courrier des juges, qui constitue en quelque sorte une alerte ou un "appel au secours", mais la demande fait partie des échanges normaux entre des magistrats instructeurs et un procureur.