La justice a suspendu mardi un règlement de la mairie UMP de Wissous (Essonne) interdisant le port de signes religieux sur l'opération estivale "Wissous plage", un mois après avoir déjà suspendu un règlement similaire.
Le tribunal administratif de Versailles était saisi en référé par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et deux femmes qui s'étaient vu refuser l'accès des lieux samedi parce qu'elles étaient voilées.
Selon Elsa Ray, porte-parole du CCIF, les plaignants contestaient la légalité du nouveau règlement des lieux, instauré le 7 août, qui stipule que l'accès "pourra (...) être refusé aux personnes portant de manière ostentatoire des signes religieux susceptibles d'occasionner un trouble à l'ordre public (niqab ou burqa, croix ou étoile de dimensions manifestement excessives)".
Ni le maire UMP Richard Trinquier, réélu pour un troisième mandat en mars 2014, ni l'avocat de la ville n'étaient présents à l'audience.
"Il est en vacances et nous n'avons eu connaissance de la procédure que lundi après-midi", a expliqué à l'AFP Patrick Kitsaïs, le directeur de cabinet de M. Trinquier, qui disait "attendre les consignes" du maire après la décision du tribunal administratif.
Cette décision est provisoire, le juge des référés ne statuant pas sur le fond de l'affaire, qui devra faire l'objet d'une nouvelle audience devant la justice administrative.
Le 12 juillet, le tribunal administratif de Versailles avait déjà suspendu en urgence un règlement similaire interdisant l'accès de Wissous Plage "à toute personne ayant une tenue inappropriée ou contraire aux règles de décence ou le port de tout signe religieux".
Trois femmes voilées avaient été refoulées de Wissous Plage quelques jours plus tôt par le maire en personne, déjà connu pour s'être armé lui-même par arrêté municipal ou pour avoir voulu baptiser une rue de sa ville du nom d'un général de l'OAS.
"On a affaire à un délinquant récidiviste. On espère que cette fois, ce sera la dernière fois et que la leçon portera", a réagi auprès de l'AFP Elsa Ray après la suspension du nouveau règlement.
Une plainte contre Richard Trinquier a également été déposée le 31 juillet par le CCIF devant le tribunal de grande instance d'Evry pour "discrimination" et "incitation à la haine raciale".
"La discrimination vise le règlement de Wissous plage. L'incitation à la haine raciale, c'est pour la page Facebook" du maire, a expliqué Elsa Ray.
Selon elle, les propos tenus sur cette page par M. Trinquier, retirés depuis, témoignent d'"une idéologie raciste et islamophobe extrêmement forte".