"Les prisons sont pleines" : à l'approche des JO de Paris, des avocats alertent sur la surpopulation carcérale

Dans une lettre ouverte, plusieurs bâtonniers franciliens somment le ministère de la Justice de réagir alors que le taux d'occupation des prisons en France atteint parfois plus de 100% par endroits à quelques mois des Jeux olympiques de Paris en juillet prochain.

"Dans certaines prisons les détenus s'entassent à quatre dans des cellules prévues pour deux personnes", dénonce le bâtonnier de l'Essonne. Ibrahima Boye tire la sonnette d'alarme. "Les prisons sont pleines, il faut agir vite. Les JO arrivent et on nous promet un été avec plus de délinquance que sur un été normal. Cela veut dire qu'il y aura besoin de plus de places en prison alors que les cellules sont déjà surchargées", détaille le bâtonnier du département qui abrite la prison de Fleury-Mérogis, la plus grande d'Europe. 

De plus, il estime que les peines prononcées pendant les JO feront empirer la situation. "Il va falloir que les choses aillent vite donc beaucoup de comparutions immédiates seront sans doute demandées et mèneront à des peines de prison", indique-t-il.

"La prison n'est pas la panacée" 

Dans une lettre ouverte à l'initiative du barreau des Hauts-de-Seine adressée au ministère de la Justice signée avec d'autres bâtonniers d'Île-de-France, il dénonce la surpopulation dans les prisons. "Au 1er mars 2024, selon les données publiées par vos services, 76 766 personnes étaient incarcérées, malgré une capacité d’accueil limitée à 60 719 places", y lit-on en préambule. Les signataires s'inquiètent d'une aggravation de la situation à l'approche des JO de Paris. "Aucune solution ne semble être envisagée par votre ministère pour remédier à cette situation", regrettent-ils.

Les avocats demandent au ministère de prendre des mesures des mesures "afin de libérer de façon anticipée les détenus en fin de peine, et en interdisant par la suite qu’une personne soit incarcérée au-delà des capacités réelles de l’établissement d’accueil". Selon le bâtonnier de l'Essonne, "la prison n'est pas la panacée, on peut réfléchir également à d'autres peines comme des travaux d'intérêt général et arrêter de considérer la prison comme la sule solution punitive et dissuasive existante contre la délinquance".  

Des conditions de détention difficiles 

La lettre ouverte pointe notamment du doigt la difficulté des conditions de vie des détenus. "La surpopulation carcérale est telle que dans bon nombre d’établissements, notamment en maison d’arrêt, des matelas doivent être posés à même le sol pour accueillir certains détenus", dénoncent les avocats. 

La surpopulation carcérale est telle que dans bon nombre d’établissements, notamment en maison d’arrêt, des matelas doivent être posés à même le sol pour accueillir certains détenus. Un constat que partage également le bâtonnier de l'Essonne. "Dans ces cellules surchargées, la notion d'intimité est inexistante. Il arrive que certaines cellules n'aient pas de rideau pour séparer les toilettes du reste de la pièce", détaille-t-il. Suite à cette lettre, les bâtonniers d'Île-de-France donneront une conférence de presse commune ce vendredi dans les locaux de l'Ordre des Avocats de Nanterre. En 40 ans, la population carcérale a triplé en France d'après un rapport sénatorial. 

 

 

 

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