Rixe entre bandes rivales : un adolescent est mort des suites de ses blessures en Essonne

Un adolescent, qui avait été grièvement blessé par des coups de couteau mercredi à Corbeil-Essonnes, est décédé. Trois mineurs ont été mis en examen. Comment les habitants et les élus tentent de lutter contre le phénomène des rixes en Essonne ?

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Il était âgé de 15 ans. Un adolescent gravement blessé lors d'une rixe à Corbeil-Essonnes, en Essonne, est mort jeudi dans la soirée, annonce ce vendredi le parquet d'Evry à franceinfo, confirmant une information du Parisien.

Les faits remontent à mercredi, en milieu d’après-midi. Lors d’une rixe près de la gare de Corbeil-Essonnes, la victime avait été touchée d’au moins deux coups de couteau à l’épaule et à la jambe. L’adolescent avait été hospitalisé avec un pronostic vital engagé.

Selon une source proche du dossier à l’AFP, la rixe a opposé des bandes issues des quartiers des Tarterêts et de Montconseil. Des policiers sont intervenus plusieurs fois pour les disperser, d’après une source policière. 

L’affaire avait été confiée à la police judiciaire d'Evry.Trois mineurs mis en cause dans cette rixe ont été déféré, indique le parquet d'Evry. L'enquête, initialement ouverte pour tentative d'homicide volontaire, a été requalifiée du chef d'homicide volontaire

13 autres personnes interpellées 

Le parquet précise à l'AFP qu'il y avait eu "trois épisodes de rixe" entre les  quartiers des Tarterêts et de Montconseil mardi. Suite à quoi dix personnes - dont un mineur - ont été interpellées, dans la nuit de mardi à mercredi.

Les neufs majeurs - sept en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire - seront jugés en comparution immédiate ce vendredi après-midi, pour participation à un groupement en vue de la préparation de violence. Sept sont en détention provisoire, deux ont été placés sous contrôle judiciaire.Le mineur, lui, sera jugé "ultérieurement" par le tribunal pour enfants, pour violences en réunion et participation à un groupement en vue de la préparation de violences. Il a été incarcéré.

Trois autres majeurs ont été interpellés à Corbeil-Essonnes mercredi soir. Toujours d'après le parquet, ils se trouvaient "sur la voie publique", en possession de "deux katanas". Ils seront jugés vendredi après-midi en comparution immédiate, pour transport d'armes et participation à un groupement en vue de la préparation de violences.

Concernant la rixe mortelle, un jeune a été mis en examen pour homicide volontaire ce vendredi et deux autres mineurs, 15 et 17 ans ont été mis en examen pour recel de malfaiteurs et non dénonciation de crime, ajoute la parquet d'Evry.

"Ça doit aussi être l’affaire de l’Etat"

Depuis cinq ans, des mères de famille tentent de faire baisser les tensions, en jouant un rôle de médiatrices au sein du collectif des Gilets roses. Elles annoncent un renforcement de leurs maraudes nocturnes après ce nouveau drame. Mais le collectif réclame également l’aide de l’Etat.

"Comment stopper ces violences qui nous pourrissent la vie ? Tout le monde est concerné, de loin ou de près. Comment faire ? Ça doit aussi être l’affaire de l’Etat, parce que ce sont les enfants de la République qui périssent", souligne Fatima Sy, présidente du collectif des Gilets roses.

"Ce n’est pas normal. Nous ne pouvons pas être spectateurs ou spectatrices devant ce fléau", ajoute-t-elle.

"Nous n’accepterons jamais l’inacceptable"

Bruno Piriou, le maire DVG de Corbeil-Essonnes, raconte avoir "appris avec une infinie tristesse le décès" de l’adolescent, "suite à l’agression dont il a été victime". "À cet instant, toutes nos pensées, tous nos sentiments vont vers sa famille, ses parents, ses frères et sœurs, à qui nous voulons adresser notre solidarité la plus fraternelle, bien que je mesure à quel point tous les mots restent impuissants à soulager leur peine", écrit l’édile dans un communiqué publié jeudi soir.

"Il est difficile de dire l’horreur que cela nous inspire, à nous parents, ou simples citoyens, poursuit l’élu. Hier, la famille, dans sa grande sagesse, me disait qu’elle ne voulait pas que d’autres familles vivent un tel drame. Ayons tous la dignité de respecter leur volonté et d’honorer ainsi la mémoire de ce jeune homme. Ne rajoutons pas de la détresse à la détresse."

"Dans les heures et les jours qui viennent, la municipalité appellera à des actions communes parce que nous n’accepterons jamais l’inacceptable. D’ici là, respectons le deuil de cette famille. Ces mots viennent du cœur, du cœur de tout Corbeil-Essonnes", conclut Bruno Piriou.

Des conflits qui "se reproduisent de génération en génération"

"Malheureusement, c’est assez classique en Essonne. Malheureusement, c’est dans la continuité de 20 ans de conflits entre les quartiers des Tarterêts et de Montconseil", réagit Alexandre Touzet (LR), vice-président du conseil départemental délégué à la sécurité et à la prévention de la délinquance, et maire de Saint-Yon.

"Notre territoire regroupe 25% des rixes au niveau national. Par rixe, on entend les affrontements qui ne sont pas liés au trafic mais à des conflits territoriaux. Malgré l’engagement de tous, on a beaucoup de mal à lutter. Ces conflits sont tellement anciens et insipides, c’est extrêmement compliqué. On ne se souvient même plus des origines, ça se reproduit de génération en génération", poursuit l’élu.

"Il y a tout un travail mené auprès des petits aujourd’hui, pour les sortir de cette spirale de la violence. Ces conflits impliquent des difficultés quotidiennes, quand on travaille sur la carte scolaire, ça pénalise les jeunes pour leur orientation. Malheureusement les haines demeurent, malgré les efforts très importants entrepris pour prévenir les risques", déplore Alexandre Touzet.

En 2020, un quart des rixes comptabilisées au niveau national ont en effet eu lieu en Essonne. 129 affrontements ont été recensés dans le département en 2021. Cette année-là, trois jeunes, dont deux de 14 ans, y ont été tués.

Avec V. Ponsy et M. Tafnil.

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