Depuis 2008, « Animath » et « Femmes & mathématiques » organisent des journées pour aider les filles à dépasser les préjugés liés aux mathématiques, pour ne pas s’autocensurer lorsque vient le choix de l’orientation dans les filières scientifiques.
Qui a dit que les filles n’étaient pas faites pour les mathématiques ? En tout cas, pas « Animath » « ni Femmes et Mathématiques », ces deux associations sont à l’origine de la journée qui a réuni mercredi 17 février sur le campus de l’université de Villetaneuse en Seine-Saint-Denis, des collégiennes, des lycéennes en filière scientifique et des enseignantes de mathématiques.
Au début, Véronique Slovacek-Chauveau, initiatrice de ces journées, était optimiste. Pour elle, le problème de l’accès des jeunes filles dans les filières scientifiques dans l’enseignement supérieur était réglé. Mais en 1995, lorsqu’elle rejoint le lycée Camille Sée dans le XVe arrondissement de Paris, après des années d’enseignement des mathématiques en collège, «c’est l’électrochoc».
Seulement deux filles étaient en spécialité maths en terminale sur trente-cinq élèves. «Cela m’a fait l’effet d’un retour en arrière ! Lorsque je passais mon Bac C et que j’étais dans un lycée de garçons avec une seule camarade fille !» s’exclame la professeur à la retraite.
Peut mieux faire
« Aujourd’hui, 30% des terminales en « spé-maths » sont des filles, cela a beaucoup changé » explique la vice-présidente de « Femmes et Mathématiques ». Mais les préjugés ont la vie dure. Non, la géométrie dans l’espace et la visualisation trois dimensions ne sont pas des aptitudes masculines. « Il n’y a pas de compétences sexuées, l’essentiel s’acquiert ! » pointe Véronique Slovacek-Chauveau.
L’entourage familial des élèves participent aussi à la construction d’une certaine idée de l’orientation. « Si on n’a personne autour de soi qui est une femme scientifique, qu’est-ce qu’il reste comme modèle ? Marie Curie ? Sérieusement, cela n’aide pas » explique la scientifique. D’où les entrevues sous forme de speed-dating qui permettent la rencontre des lycéennes avec des jeunes femmes qui travaillent dans les domaines scientifiques, habituellement réservés aux hommes. Selon elle, le résultat est double : « Déconstruire les stéréotypes et ouvrir les champs des possibles. »