"Frontières" une exposition au coeur de la crise des réfugiés

A l'heure où la crise des réfugiés fait tanguer l'Europe, une très pédagogique exposition "Frontières" au musée de l'Histoire de l'immigration s'interroge sur ces barrières et leurs répercussions humaines depuis le début du XXe siècle.

"L'exposition n'a pas de visée idéologique mais veut faire réfléchir à la circulation des personnes, qui pose question à l'heure de la mondialisation", souligne l'historien Yvan Gastaut, commissaire de l'exposition qui ouvre mardi et se tiendra jusqu'au 29 mai 2016. "On tombe en plein dans l'actualité mais la question des frontières se pose sur le long terme", rappelle-t-il. "En Europe par exemple, l'idée de murs qu'on pensait anachronique redevient d'actualité" avec la construction évoquée de clôtures aux frontières autrichiennes ou hongroises.

Mêlant pédagogie et démarche artistique, avec des cartes grand format, des frises et textes explicatifs mais aussi des installations de photographes ou de plasticiens, l'exposition revient ainsi sur la tentation récurrente de bâtir des murs aux portes des pays, depuis le mur de Berlin bien sûr, "archétype de la muraille", jusqu'à la ligne-frontière entre le Mexique et les Etats-Unis avec ses avancées technologiques. Mais parce que les frontières ne recouvrent pas que des concepts administratifs mais aussi des réalités humaines, le Musée de l'immigration est allé puiser dans des documents originaux pour illustrer les répercussions de ces barrières sur les histoires individuelles.

L'exposition veut "comprendre le rôle et les enjeux contemporains des frontières dans le monde et retracer les histoires singulières de ceux qui les traversent aujourd'hui", expliquent les commissaires.

La première partie est consacrée aux "Murs frontières dans le monde", la deuxième se penche "Vers une Europe des frontières", tandis que la troisième veut "Traverser les frontières de la France", de Vintimille à Calais, avec un crochet vers La Guyane qui reste la plus longue frontière de la France. Et parce que le franchissement des frontières se traduit régulièrement par des drames, une carte expose le décompte des morts depuis les années 1980 en Méditerranée aujourd'hui, mais aussi hier sur le mur entre les deux Allemagnes, tombé il y a exactement 26 ans cette semaine.

Le parcours rappelle qu'au travers de la frontière, c'est aussi une crainte récurrente de l'étranger qui s'est de tous temps exprimée -- même si les mots pour la décrire ont changé ; ainsi ces cartes postales sépia des années 1900, intitulées "La gendarmerie allemande interdit l'entrée à une bande de romanichels serbes" ou encore "Nos campagnes, voyageurs indésirables".

L'exposition fait la part belle à l'actualité, en étalant les multiples "Une" des quotidiens européens consacrées à ce sujet depuis quelques semaines. Tout en rappelant que le concept de frontière est mouvant: les murs tombent, les lignes bougent...

"Protéger, murer l'Europe est impossible. C'est un fantasme d'être totalement protégé. L'Histoire montre que ce mécanisme est temporaire, et avec une efficacité limitée", note Yvan Gastaut. "Après, il en reste toujours des traces. Cela marque l'imaginaire collectif".

A voir le très joli reportage de Maud de Bohan 

 

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