Au Holiday Inn de Clichy, les salariés du nettoyage font grève depuis 50 jours

Ils tiennent le piquet de grève devant l'Holiday Inn de Clichy (Hauts-de-Seine) depuis le 19 octobre. 50 jours ce jeudi 7 décembre que 11 salariés du prestataire de nettoyage Héméra, employés depuis des années dans cet hôtel, s'opposent à des mutations et dénoncent leurs conditions de travail.

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"Le moral est là, la détermination aussi", dit Mirabelle Nsang, 44 ans, gouvernante et représentante du syndicat CNT-Solidarité ouvrière, tout en déchirant consciencieusement des pages de magazine pour en faire des languettes formant tapis à l'entrée de l'hôtel de 260 chambres.

Assis autour d'elle sur des caisses de plastique, Blandine, dont la mutation, la deuxième en six mois, a déclenché le mouvement, Donnise, Lassana, Bamba ou Ignace. Gouvernantes, femmes de chambres, équipiers et plongeurs: ils sont 11 sur 42 salariés de la société Héméra employés dans l'hôtel, pour la plupart depuis plus de dix ans, à tenir bon, soutenus par les syndicats CNT et CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques). Et montrer "à nos enfants que nous combattons", dit Bamba. 

Soutien des clients


A un jet de pierre du périphérique parisien, dans une rue menant vers la mairie de Clichy, leur ténacité suscite les encouragements des passants et des automobilistes, nombreux à les saluer d'un coup de klaxon.

Même des clients de l'hôtel déposent parfois un billet dans la caisse de solidarité. Mais Mirabelle sait qu'ils sont bien "moins visibles" ici qu'un "hôtel à Paris, dans le XVIe arrondissement".

Aléa de la sous-traitance hôtelière pourfendue par les syndicats CNT et CGT-HPE, ces anciens salariés de la société PEI ont été transférés chez Héméra quand la société a repris, pour un an à l'essai, le marché en décembre 2016. Un changement d'employeur qui s'est traduit, selon eux, par des conditions de travail dégradées, avec des modifications de planning intempestives, et une ambiance tendue avec "le nouveau chef de site".

Il y a six mois, la première mutation d'une gouvernante avait déjà failli déboucher sur une grève. "On a mal géré", regrette Mirabelle Nsang. Alors, quand Blandine a été informée qu'elle était mutée dans un hôtel de La Défense à compter du 20 octobre, le mouvement est parti.

"Des béni-oui-oui"


"Si on accepte, tout le monde sera muté", dit Mirabelle. C'est une "façon de casser le groupe, une stratégie", ajoute Blandine. Pour ensuite "faire venir des nouveaux (salariés) moins revendicatifs, des béni-oui-oui", reprend sa collègue.

D'autres revendications se sont ajoutées à leur demande principale d'annulation des deux mutations et de suppression de leur clause de mobilité: le règlement des heures supplémentaires, une prime de panier "comme les salariés de l'hôtel", et une prime de 13e mois.

Ils veulent aussi que soient reconnues - et développées - leurs qualifications. Malgré une formation de gouvernante, Donnise est ainsi "toujours employée comme femme de chambre".

Pas de dialogue social


Face au refus de Héméra de revenir sur les mutations, les grévistes veulent désormais "négocier directement avec l'hôtel donneur d'ordres". Et réclament d'être soit "internalisés" dans ses effectifs, soit de travailler "pour une autre entreprise qui respecte" ses employés. 

"Cette position rend impossible le dialogue social", estime Héméra, en soulignant que la CNT "refuse d'entendre" ses propositions.

Pour interpeller le groupe hôtelier britannique IHG (Intercontinental Hôtels Group), propriétaire de la marque Holiday Inn, les grévistes avaient défilé mi-novembre dans les "beaux quartiers" parisiens, plantant leur sono devant le Grand hôtel Intercontinental, près de la place de l'Opéra. Les hôtels franchisés, comme celui de Clichy, "sont détenus et exploités de manière indépendante", répond IHG.

Jeudi 7 décembre, pour leur 50e jour de combat, un rassemblement est prévu pour leur remettre les chèques de la caisse de grève. Il se tiendra là où ils viennent tous les jours, devant l'hôtel où ils veulent "rester travailler".

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