Un mois avant le début des événements de Mai-68. Le 22 mars est le signe de l'ébullition très forte qui secoue le monde étudiant partout en France et dont la faculté de Nanterre est l'épicentre.
Le 20 mars 1968, à l'occasion d'une manifestation organisée par le Comité Vietnam national (CVN) « pour la victoire du peuple vietnamien contre l'impérialisme américain », trois cents étudiants attaquent le siège de la banque de l'American Express, à l'angle de la rue Scribe et de la rue Auber à Paris. Six personnes sont arrêtées dont Xavier Langlade du service d'ordre de la Jeunesse communiste révolutionnaire. En réaction à cette arrestation, 142 étudiants emmenés par Daniel Cohn-Bendit envahissent la salle du conseil d'administration de la faculté de Nanterre.
► Chronologie des événements à Nanterre en 1967-1968
Le 22 mars, à 15 heures, une assemblée générale réunit de 600 à 700 personnes pour exiger la libération des militants interpellés et en garde à vue depuis le 20 mars, Xavier Langlade est étudiant à Nanterre. Après des débats, il est décidé d'occuper, le jour même, le dernier étage de la tour universitaire où siège le conseil de la faculté. Le lieu est symbolique : c'est celui du pouvoir universitaire d'où sont exclus les étudiants. Dans la foulée, un manifeste est rédigé avant d’être plébiscité par 142 voix. Le Mouvement du 22 mars est né, prémice des événements de mai 1968.
► VIDEO. 50 ans après, la fac de Nanterre commémore le 22 mars 1968, le début de Mai 68
L'occupation se termine vers deux heures du matin, lorsque les étudiants apprennent la libération des activistes arrêtés le 20 mars. Le mouvement s'étend à l'ensemble de la France où des lycéens « non politisés » se prévalent du Mouvement du 22 Mars pour organiser des actions de grève dans leurs établissements, notamment au travers des comités d'action lycéens.
Le Mouvement du 22 mars, l'étincelle qui a permis Mai-68 ?
Le 22 mars est peut-être l'étincelle du mouvement à venir mais tout n'a pas commencé en mars 1968. Depuis deux ans déjà, la faculté de Nanterre fortement politisée, vit au rythme des tensions autour de la guerre du Vietnam, mais aussi de revendications liées à la vie quotidienne des étudiants. le 21 mars 1967, 60 étudiants décident d'investir un des pavillons de la cité universitaire réservé aux étudiantes. Les étudiants revendiquent « la libre circulation » dans l'ensemble de la résidence universitaire. En 1967, dans les cartons du ministère il y a aussi le projet de mettre en place des critères de sélection pour l'entrée à l'université du ministre de l'Education, Alain Peyrefitte. Autant d'éléments qui ont participé au mouvement de révolte d'une partie de la jeunesse en mai 1968.
Le campus de Nanterre, fermé le 2 mai 1968 par le doyen Pierre Grappin à la suite des manifestations qui ont troublé la vie universitaire durant les semaines précédentes, repousse les étudiants plus loin. C'est à la Sorbonne et dans le quartier Latin, que seront érigées les premières barricades.