Une vaste escroquerie au permis de conduire, par laquelle des centaines de personnes fortunées, dont plusieurs personnalités, ont pu obtenir le document sans passer l'examen, a été démantelée dans les Hauts-de-Seine.
Un dirigeant d'auto-écoles de Neuilly, Patrick Antonelli, 39 ans, par ailleurs mari de la chanteuse Amel Bent, ainsi que trois fonctionnaires de la préfecture de ce département de la banlieue ouest de Paris ont été mis en examen vendredi pour corruption, a indiqué à l'AFP le parquet, confirmant une information du Parisien. M. Antonelli et l'un des fonctionnaires de la préfecture ont été placés dans la soirée en détention provisoire, selon le parquet, tandis que les deux autres fonctionnaires sont restés libres sous contrôle judiciaire.
Des hommes d'affaires et des footballeurs, certains anciens internationaux, font notamment partie des 258 personnes qui ont obtenu frauduleusement le papier rose, a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Parmi eux, le journaliste Ali Baddou a reconnu sur Twitter avoir bénéficié de la combine. "J'ai fait une énorme bêtise et je la regrette. J'ai rendu le permis il y a déjà plusieurs mois", a-t-il écrit vendredi après-midi sur le réseau social, concluant par le hashtag #vivelemetro.
Près de 300 personnes ont pu acheter leur permis grâce au système monté par un gérant d’auto-école de Neuilly et des agents de la préfecture de Nanterre.
"Le gérant des auto-écoles s'était entendu avec des fonctionnaires de la préfecture", a détaillé la source proche de l'enquête. "Beaucoup de personnes ont de l'argent pour payer, mais pas toujours le temps de passer le permis. Ils pouvaient débourser jusqu'à 10.000 euros, parfois davantage."
Les bénéficiaires obtenaient le permis sans passer l'examen, la somme déboursée étant ensuite équitablement répartie entre le dirigeant des auto-écoles et les fonctionnaires qui délivraient le permis - dont l'un ne travaille plus à la préfecture depuis. Les quatre suspects étaient jusqu'alors inconnus de la justice.
"La préfecture a d'ores et déjà commencé à annuler les permis frauduleux", a précisé le parquet. S'agissant des bénéficiaires des permis, "les suites judiciaires seront appréciées ultérieurement, en fonction des investigations réalisées dans le cadre" de l'enquête.
L'escroquerie avait été mise en place dès 2013. En mai 2015, le préfet des Hauts-de-Seine avait signalé une suspicion de fraude au permis de conduire au parquet de Nanterre. Une enquête préliminaire avait alors été ouverte, confiée à la police judiciaire des Hauts-de-Seine et au groupement d'intervention régionale, jusqu'à l'ouverture vendredi d'une information judiciaire.