Le parquet a annoncé la mise en examen de deux adolescents suspectés d'avoir violé une jeune fille de 12 ans à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Un troisième suspect a été placé sous le statut de témoin assisté. Des faits qui suscitent une très vive émotion dans la communauté juive et au-delà.
Selon le parquet de Nanterre, un troisième suspect, également mineur, a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en examen pour les autres infractions visées par l'enquête.
Deux des trois adolescents, âgés de 13 ans, ont été placés sous mandat de dépôt par un juge des libertés et de la détention, tandis que le troisième, âgé de 12 ans, a fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire provisoire, a-t-on indiqué de même source.
Ces trois mineurs avaient été interpellés et "placés en garde à vue et rétention, en fonction de leur âge", lundi, avait précisé un peu plus tôt le parquet.
Les trois mineurs ont été présentés mardi après-midi à un juge d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire ouverte notamment pour viol et agression sexuelle en réunion sur mineure de 15 ans, tentative d'extorsion, atteinte à l'intimité de la vie privée et menace de mort. Les infractions de "violences et injures" sont "aggravées par leur commission à raison de l'appartenance de la victime à une religion", avait précisé le ministère public.
Les faits ont été dénoncés par la jeune fille samedi soir
Selon une source policière, la mineure a expliqué avoir été abordée par trois adolescents et entraînée dans un hangar alors qu'elle se trouvait dans un parc proche de son domicile avec un ami.
Les suspects l'ont frappée et "lui ont imposé des pénétrations anales et vaginales, une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites", a précisé cette même source.
La jeune victime a déclaré aux enquêteurs que l'un des adolescents mis en cause lui avait "posé des questions concernant sa religion juive", lui demandant pourquoi elle n'en parlait pas et lui posant des questions sur Israël, détaille une source policière. Il l'a aussi traitée de "sale juive".
Son ami est parvenu à identifier deux des agresseurs. L'adolescente a été prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l'unité médico-judiciaire de Garches dans les Hauts-de-Seine.
Émotion des responsables communautaires et politiques
Le président du Consistoire central, Elie Korchia, a exprimé mardi soir dans un tweet son "soutien à cette jeune victime, de confession juive, qui a subi un viol et des agressions insupportables", déplorant "un crime sexuel sordide et ignoble qui nous émeut profondément". "Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent", a commenté sur X le grand rabbin de France Haïm Korsia, se disant "horrifié".
Immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille.
— CRIF (@Le_CRIF) June 18, 2024
Toute la lumière doit être faite sur les circonstances de ce crime, y compris le caractère antisémite, si cela devait être confirmé.
Nous suivrons avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement… https://t.co/9hVBlEOVk2
Sur le même réseau social, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dit son "immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille", prévenant qu'il suivra "avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement inquiétante".
"C'est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore", a réagi auprès de l'AFP Jacques Kossowski, maire Les Républicains (LR) de Courbevoie. "Ce que j'espère c'est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge", a poursuivi l'édile.
Une fermeté également réclamée sur X par le sénateur LR des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, pour qui "il est temps que les actes antisémites (...) soient beaucoup plus sévèrement punis".
Forte augmentation des actes antisémites
Le collectif "Nous Vivrons", né au lendemain de l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre, a appelé à manifester ce mercredi à 18H30 à Paris pour "condamner le viol antisémite de cette jeune fille".
En janvier, le Crif avait rapporté une forte augmentation des actes antisémites en France, qui ont été multipliés par quatre en un an, passant de 436 en 2022 à 1.676 en 2023, avec une "explosion" après l'attaque du 7 octobre.