L’homme accuse un policier de l'avoir éborgné avec un tir de lanceur de balles de défense (LBD) le 30 juin dernier après la marche blanche en hommage à Nahel, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Il a porté plainte contre X à l'IGPN.
Il est "dans l'incompréhension totale, il ne comprend pas pourquoi on lui a tiré dans l'œil", "sans raison aucune", selon son avocat Me Arié Alimi. Virgil R., un homme qui accuse un membre des forces de l’ordre de l'avoir éborgné avec un tir de LBD, a déposé plainte contre X lundi à l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN).
"Ça change toute ma vie", a raconté Virgil R. au site d'information Blast, qui a révélé l’affaire.
Dans sa plainte pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique, consultée par l'AFP, l’homme, âgé de 24 ans, raconte qu'il marchait dans une rue de Nanterre aux alentours de minuit le 30 juin dernier. Il venait d’assister à la marche blanche en hommage à Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier le 27 juin dans la ville.
L’homme a alors croisé un petit groupe de policiers qui, selon sa plainte, l'ont interpellé en lui disant "oh toi là", avant de lui dire "casse-toi". Quelques instants après, il a reçu un projectile au niveau de l'œil gauche, a-t-il expliqué.
"Il va avoir ça toute sa vie, c'est un vrai bouleversement"
Ancien militaire, Virgil R. a précisé avoir immédiatement reconnu le bruit d'un tir de LBD. Le jeune homme a ensuite raconté s'être enfui, le visage en sang, puis avoir croisé des personnes en train de discuter près d'un immeuble avant de s'évanouir.
Quand il a retrouvé ses esprits, il se trouvait sur un scooter entre deux personnes qui l'ont déposé à l'hôpital de Colombes, d'où il est sorti le 4 juillet. Il a précisé dans sa plainte que les médecins lui avaient dit qu'il ne pourrait pas récupérer son œil.
"Il va avoir ça toute sa vie, c'est un vrai bouleversement", a souligné Me Arié Alimi. Son client souffre aussi d'un traumatisme à la mâchoire, ainsi que d'acouphènes et d'une légère perte d'audition à l'oreille gauche, selon la plainte. Me Arié Alimi accuse les policiers de ne pas s'être préoccupés de l'état de santé de Virgil R. après ce tir. "C'est un schéma similaire aux (manifestations des) gilets jaunes, où les policiers ont visé la tête pour éborgner", selon l’avocat.
La cheffe de l'IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, a annoncé mercredi devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale que son service était actuellement saisi de 21 enquêtes "de nature et de gravité très différente" sur les agissements des forces de l'ordre lors des manifestations et violences qui ont suivi la mort de Nahel.