Attaque à Conflans-Sainte-Honorine : l'hommage national au professeur tué aura lieu mercredi 21 octobre

Vendredi 16 octobre en fin d'après-midi un individu a décapité un homme en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Le suspect a été abattu par la police. 11 personnes sont en garde à vue.

Vendredi 16 octobre en fin d'après-midi un homme a été décapité en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), à proximité du collège du Bois d'Aulne. Un couteau aurait été retrouvé à côté de la victime, Samuel Paty, un professeur d'histoire, âgé de 47 ans. Selon nos informations, il avait montré à ses élèves, lors d'un cours la semaine dernière des caricatures de Mahomet, suscitant selon les informations de franceinfo, une vive émotion au sein de l'établissement, et qui se serait même répercutée au-delà, puisqu'il avait fait l'objet de menaces après ce cours d'histoire.

11 personnes, dont un mineur, sont en garde à vue. Les parents, un grand-parent et le petit frère de l'assaillant ont été interpellés à Evreux. Des personnes de l'entourage non familial de l'attaquant ont été mis en garde à vue.

D'autre part, un parent d'élève qui avait posté une vidéo sur Facebook s'indignant de la méthode du professeur, a également été placé en garde à vue.

Sur les réseaux sociaux, Charlie Hebdo, SOS Racisme et l'association Dessinez Créez Libérez ont appelé à un rassemblement dimanche 18 octobre à 15 heures place de la République à Paris pour rendre hommage à Samuel P. 
 

 

L'assaillant abattu

Le parquet anti-terroriste s'est saisi de l'affaire. Une enquête a été ouverte pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes", affirme le parquet. La Sous-direction anti-terroriste (Sdat) de la police et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont également été saisies.

Les policiers de la Bac de Conflans-Saint-Honorine ont été appelés pour un individu suspect rôdant autour d'un établissement scolaire. Vers 17 heures, cette équipe a repéré un homme armé d'un couteau dans la commune voisine de Eragny-sur-Oise (Val-d'Oise), située à 4 kilomètres de Conflans-Sainte-Honorine.

Quand les policiers lui ont demandé de mettre à terre son arme, ce dernier a refusé. "Agressif et menaçant", il a été abattu d'une dizaine de balles par la police. Les fonctionnaires n'ont pas pu s'en approcher immédiatement de peur que l'assaillant ne porte un gilet explosif. Une opération de déminage a dû être menée.

L'homme abattu par la police était un jeune homme de 18 ans, d'origine tchétchène, né à Moscou. Il était porteur d'un titre de séjour, délivré le 4 mars dernier, valable jusqu'en mars 2030. Il "bénéficiait du statut de réfugié et demeurait à Evreux dans l'Eure", a indiqué Jean-François Ricard, le procureur de la République antiterroriste.

Il n'était pas connu des services de renseignements, il n'était notamment pas fiché S. Il n'a jamais été condamné "bien qu'il était connu pour des affaires de dégradations de biens publics et des faits de violences en réunion alors qu'il était mineur", a précisé le procureur.

Il portait avec lui un poignard, une arme de poing de type airsoft et cinq cartouches compatibles avec cette arme. Un second couteau dont la lame mesure une trentaine de centimètre a été trouvé à quelques mètres du lieu du crime.

Avant d'être abattu par la police, l'auteur présumé des faits a publié sur Twitter une revendication de son acte.

Polémique au collège

Lors de la conférence de presse du samedi 17 octobre, le Parquet a donné des indications sur le contexte de cet attentat. Au début du mois d'octobre, le professeur d'histoire-géographie donne un cours sur la liberté d'expression au collège du Bois d'Aulne. Avant de montrer des caricature de Mahomet, il aurait proposé aux élèves qui ne souhaitent pas voir les images de sortir. Deux jours plus tard, un parent d'élève - dont la fille n'a pas assisté au cours de M. Paty d'après le Parquet et la police - poste une vidéo sur les réseaux sociaux pour s'indigner de la méthode de ce professeur.
 

Ce père se rend avec un second individu au collège le 8 octobre dans le but de rencontrer la direction. Selon franceinfo, c'est Abdelhakim Sefrioui, une figure connue de l'islam radical, fiché S, qui était avec le père ce jour-là. Il est actuellement en garde à vue.

"Les deux hommes exigeaient avec virulence le renvoi du professeur", explique Jean-François Ricard. Le même jour, ce père publie une autre vidéo où il désigne cette fois le professeur par son nom et donne l'adresse du collège. Accompagné de sa fille, cet homme se rend ensuite au commissariat pour porter plainte pour "diffusion d'images pornographiques". Une enquête est alors ouverte.

Le 12 octobre, le professeur est entendu dans le cadre de cette enquête. Il a alors expliqué le déroulé de son cours. "Il contestait énergiquement d'avoir demandé aux élèves musulmans de s'identifier et de sortir de la classe", rapporte le procureur de la République. "Il proposait avoir pris soin de proposer à ses élèves de ne pas regarder les caricatures, dans l'hypothèse où ils pourraient être heurter". 

Une autre vidéo est publiée ce jour-là sur Youtube. La principale du collège a alors indiqué que le collège avait reçu plusieurs appels menaçants après la publication de ces vidéos, d'après le PNAT. 

L'enseignant porte alors plainte pour diffamation publique contre le parent d'élève qui avait publié les vidéos contre lui.

Convoqués les 14 octobre au commissariat, le père et sa fille ne se sont pas présentés. "Il faut préciser que la demi-soeur de cet homme avait rejoint l'organisation Etat islamique en 2014 en Syrie et qu'elle fait à ce titre l'objet d'un mandat de recherche par un juge d'instruction antiterroriste", a indiqué le procureur.

L'académie affirme avoir été d'un "soutien total"

L'académie de Versailles a fait savoir par un communiqué de presse datant du dimanche 18 octobre qu'elle a "toujours été un soutien total à l'égard de M. Paty". L'équipe "Valeurs de la République" de l'académie s'est rendue au collège après le cours du 5 octobre et l'envoi d'un "message d'apaisement" de la directrice aux parents d'élève. L'équipe a "discuté avec M. Paty et l'a conforté dans l'approche qu'il avait eue lors de son cours", détaille le communiqué.

Après la publication de plusieurs vidéos par le parent d'élève sur les réseaux sociaux, "l'inspection académique des Yvelines a immédiatement prévenu l'enseignant de l'existence de ces vidéos diffamatoires, lui a témoigné tout le soutien et lui a recommandé de porter plainte". Le communiqué précise également que l'Education nationale s'est "mise en contact étroit avec les services de police qui ont été alertés dûment en temps et en heure".

Le gouvernement s'est rapidement mobilisé

Gérald Darmanin, en déplacement au Maroc, a décidé dans la soirée de vendredi de rentrer immédiatement à Paris. Le ministre de l'Intérieur a rapidement fait savoir qu'il avait donné comme indication d'ouvrir une cellule de crise à Beauveau, il précise sur son compte twitter ''de retour à Paris, je me tiens informé en direct de la cellule de crise que j’ai faite ouvrir, en lien avec le Président de la République et le Premier ministre. #Conflans''. 
 

Ils ne passeront pas.

Emmanuel Macron



Emmanuel Macron s'est rendu sur place vers 21 heures, il a notamment déclaré :''Un de nos concitoyens a été assassiné parce qu'il enseignait, apprenait à ses élèves la liberté d'expression.''

Poursuivant ainsi :''Je veux dire ce soir à tous les enseignants de France que nous sommes avec eux, que la nation toute entière sera à leur côté, aujourd'hui et demain, pour les protéger, les défendre, leur permettre de faire leur métier qui est le plus qu'il soit: faire des citoyens libres.''

Le chef de l'Etat a conclu son propos par ces paroles :''L'obscurantisme et la violence qui l'accompagne ne gagneront pas, ils ne passeront pas.'' Il a aussi appelé la Nation à faire bloc. ''Cette unité est indispensable'', a-t-il conclu au terme d'une allocution de plus de cinq minutes devant le collège du Bois d'Aulne, où la victime enseignait.

L'Elysée a annoncé qu'un hommage national serait rendu à Samuel Paty mercredi 21 octobre. La famille est associée à l'organisation de cet hommage.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin va demander aux préfets d'expulser 231 étrangers en situation irrégulière et fichés pour radicalisation à caractère terroriste, selon les informations recueillies par franceinfo, confirmant une information d'Europe 1

Les réactions se multiplient

Depuis l'annonce de cette attaque terroriste, les réactions se multiplient. Les Stylos Rouges, les profs en colère ont fait connaître leur horreur via un communiqué de presse, où ils écrivent être ''Abandonnés, livrés au covid, assassinés aujourd'hui. Toutes nos pensées vont à la famille, aux amis et aux collègues de cet enseignant qui exerçait admirablement son métier, sans concession".

Et les syndicats d'enseignants ont aussi fait connaître leur position ce vendredi soir après ce drame. Le SNES-FSU, le syndicat national des enseignements de second degrés, majoritaire dans les lycées et les collèges a notamment rappelé dans un communiqué de presse ''son attachement indéfectible à la liberté d'expression. Cet impératif ne doit céder et ne cédera jamais devant le terrorisme.''
 

Cela fait des années que nous tirons le signal d'alarme.

Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis


Invité sur France Inter, Iannis Roder, historien, membre du Conseil des sages de la laïcité et professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, a fait part de sa colère : "Cela fait des années que nous tirons le signal d'alarme." "À partir du moment où des gens considèrent, dans une vision absolutiste de la religion, que tous ceux qui s'opposent à leur vision du monde sont des cibles potentielles, je ne vois pas pourquoi les enseignants qui sont en première ligne, qui se battent au quotidien pour faire valoir les valeurs de la République, ne seraient pas un jour victime de cela."
 
Valérie Pécresse, la présidente (Libres!) de la région Ile-de-France écrit sur son compte Twitter "J’apprends qu’un enseignant de #ConflansSainteHonorine a été victime ce soir d’un assassinat barbare par un islamiste radicalisé. Face à ceux qui veulent nous détruire, détruire la parole libre de nos enseignants, nous devons être implacables & cesser de regarder ailleurs!"
 

Ce soir la République est en berne

Association des maires d'Ile-de-France

L'AMIF affiche après cette attaque son bouleversement : ''Face à cette atteinte inadmissible contre (notre) démocratie, une nouvelle fois endeuillée en raison de ses valeurs.''

L'association dirigée par Stéphane Beaudet, le maire d'Evry-Courcouronnes, fraîchement réélu à la présidence le 14 octobre dernier, propose aux maires de la région en ''ce jour de deuil de mettre leurs drapeaux en berne en hommage à la liberté d'expression assassinée et à notre République mise en danger par l'obscurantisme.''

De son côté, le Premier ministre Jean Castex se dit "solidaire des enseignants" sur Twitter. Il promet que "l'Etat réagira avec la plus grande fermeté pour que vive le République et ses citoyens, libres".
   

Jean-Michel Blanquer reçoit les syndicats de parents d'élèves et professeurs

Jean-Michel Blanquer a lui aussi réagi : ''Ce soir, c'est la République qui est attaquée avec l'assassinat ignoble de l'un de ses serviteurs, un professeur. Je pense à lui ce soir, à sa famille. Notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosité du terrorisme islamiste. Nous ferons face.''

Des parents d'élèves interpellent le ministre sur Twitter à l'image de ce père de famille. Sa fille avait pour professeur la victime, la collègienne avait d'ailleurs eu cours avec l'enseignant ce vendredi après-midi.

Dans une vidéo, Jean-Michel Blanquer s'adresse à l'ensemble les professeurs, à tous les personnels et aux familles. "Ce professeur a été assassiné à cause de ce qu'il représentait, la République", déclare le ministre. 
 
Il a appellé par ailleurs à une minute de silence, ce samedi 17 octobre à 11h dans les établissements scolaires ouverts.

Le ministre de l'Education nationale a reçu ce samedi matin les représentants des personnels et des parents d'élèves. Le Premier ministre s’est entretenu aux côtés de Jean-Michel Blanquer avec les représentants des personnels de l’Education nationale. "Je sais les difficultés de ce beau métier d’enseignant : encore une fois, je mesure combien c’est l’État républicain qui, à travers cet acte, est interpellé et se montrera de la plus grande fermeté, au-delà de la solidarité totale qu’il doit à la communauté éducative", a déclaré Jean Castex. 

A 11h, le Premier minsitre a réuni les ministres Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin, ministre de l’Interieur et Éric Dupond-Moretti, Garde des Sceaux, ministre de la Justice et Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, pour faire un nouveau point de situation sur la mobilisation des services de l’État.

Le parquet national anti-terroriste a tenu une conférence de presse ce samedi 17 octobre après-midi. Au cours de son discours, Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, a rappelé que cet acte terroriste est "le second commis pendant que se déroulent les audiences du procès des attentats du mois de janvier 2015".

Une cellule d'écoute ouverte à Conflans-Sainte-Honorine

Laurent Brosse, le maire (LR) de Conflans-Saint-Honorine, s'est adressé aux citoyens à travers un message publié sur Facebook. "Le choc, l’émotion étaient trop forts hier soir pour que je puisse m’adresser à vous", admet-il. "Mes chers Conflanais, ensemble, nous nous relèverons, dans l’esprit de solidarité qui nous a toujours animés, pour que Conflans-Sainte-Honorine retrouve sa lumière", conclut l'édile.
 

Il s'est exprimé en direct devant les journalistes, un peu après midi ce samedi 17 octobre. Le maire de Conflans-Sainte-Honorine a manifesté son "immense reconnaissance aux policiers municipaux et nationaux" qui sont intervenus vendredi après l'attaque. Il a également rappelé que dans cette ville, les habitants n'avaient "pas l'habitude de vivre des événements de délinquance". "Nous nous relèverons tous ensemble grâce à notre esprit de solidarité", a assuré Laurent Brosse.

La mairie de la ville a annoncé qu'elle ouvrait deux cellule d'écoute psychologique : une au collège où enseignait le professeur, pour les collégiens, parents d'élèves et professeurs, et une seconde dans les locaux du secteur d'action sociale du département des Yvelines pour l'ensemble de la population qui a pu être touché par cette attaque.

Le département des Yvelines propose de renommer le collège du Bois d'Aulne du nom de Samuel Paty, "pour que personne n'oublie jamais ce drame", explique Pierre Bédier, président du département. « La liberté d’expression est l’un des socles de notre République. Il est de notre devoir de continuer à la défendre coûte que coûte et de ne jamais céder face à la barbarie. »

Samedi dans l'après-midi, des centaines de personnes se sont réunies devant le collège où enseignait la victime pour lui rendre hommage. Des marches blanches spontanées ont également vu le jour à plusieurs endroits en France : à Evreux, Nice, Nantes ou encore Rennes.
 
L'enquête du PNAT se poursuit. Des enquêteurs de la police judiciaire sont arrivés au collège samedi en fin d'après-midi. Ces perquisitions visent à récupérer les cours et documents personnels du professeur, ainsi que des documents dans le bureau de la principale. Le but est d'établir la chronologie du conflit avec le parent d’élève.

L'enquête doit faire la lumière sur l'emploi du temps de l'auteur de l'attaque les jours précédants les faits et le déroulement exact du crime. L'enquête doit également permettre d'établir l'implication des personnes gardées à vue ou tout autre personne.
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