François Jobard, prévisionniste à Météo-France, répond à une interview de l'AFP. Il explique que l'intensité des pluies de ces trois derniers jours sur l'Ile-de-France, la Picardie et la région Centre sont un "épisode tout à fait exceptionnel" se produisant "en moyenne tous les 100 ans".
François Jobard explique à l'Agence France Presse, le caractère exceptionnel que constituent les trois jours de pluie qui viennent de se déverser sur l'Ile-de-France, provoquant de nombreuses inondations :« On a affaire à un épisode tout à fait exceptionnel au niveau des quantités d'eau recueillies. En 72 heures, de dimanche à mardi, on a observé sur les régions Picardie, Bassin parisien, nord de la région Centre, l'équivalent de deux mois de précipitations.
A cette époque de l'année, jamais dans ces régions on n'avait observé des pluies si durables et si intenses, et même toutes saisons confondues. Il est tombé environ 120 mm de pluie à Orléans, dans le Loiret, c'est-à-dire deux mois de pluie, en trois jours.»
« Cet événement a "une durée de retour" de 100 ans: ça veut dire qu'en moyenne des intempéries pluvieuses si intenses se produisent une fois par siècle. Ça ne veut pas dire que le prochain événement se produira dans cent ans. Chaque année, on a une chance sur cent d'avoir de telles précipitations.
A cette saison, c'est un épisode inédit, parce que les précédentes crues, notamment du bassin de la Seine, arrivent plutôt pendant les mois d'hiver. Là, on est début juin.»
L'influence du réchauffement climatique ?
François jobard situe ensuite cet épisode en regard du changement climatique, une question que chacun a bien évidemment en tête :« Le changement climatique n'explique pas directement, précisément cet épisode pluvieux. C'est vraiment la situation météorologique synoptique, c'est-à-dire la position des anticyclones, des dépressions. C'est la position de ces centres d'action, qui est purement due au hasard, à la part chaotique de l'atmosphère, qui fait qu'on a une dépression à ce niveau-là et du coup des intempéries.»
« Néanmoins, on est dans une année très chaude. Du coup on a des masses d'air globalement plus chaudes, et un air plus chaud est plus capable de contenir de la vapeur d'eau, donc de l'eau. On a peut-être des perturbations plus pluvieuses du fait du réchauffement climatique, mais c'est difficile à dire. Une situation dépressionnaire avec de l'air plus chaud conduira à plus de pluie qu'une situation dépressionnaire avec de l'air moins chaud.»
Ca va continuer ?
Enfin, à quoi faut-il s'attendre pour les jours à venir ?« Un autre retour pluvieux va arriver, heureusement d'intensité moindre. Des pluies soutenues vont arriver par la Belgique, sur la Champagne-Ardenne, l'Ile-de-France, la Bourgogne et le nord du Centre --un peu les mêmes régions. Il y aura moins de pluie mais comme on est dans un contexte où les sols sont gorgés d'eau, ces pluies pourraient ralentir la décrue ou augmenter un peu certains cours d'eau au moins temporairement.»
« Il faut s'attendre à une crue importante de la Seine. On est vers 4,30 m à Austerlitz, ça va monter au-delà de 5 m jeudi, voire 5,5 m à d'ici à vendredi.»