Tous les deux jugés mardi, Serge Dieujuste et Yann Abdelhamid Mohamadi ont chacun été condamnés à un an de prison ferme. Les deux hommes avaient tenté d'escroquer le fonds d'indemnisation des victimes.
Jugés séparément, mais tous les deux condamnés à la même peine : deux ans de prison dont un avec sursis, avec mandat de dépôt. Serge Dieujuste et Yann Abdelhamid Mohamadi, deux « fausses victimes » du 13-Novembre, comparaissaient mardi à Paris.
Le premier avait expliqué dans un article du Monde avoir vécu l’attaque du Petit Cambodge, alors qu’il y dînait soi-disant seul au moment où les terroristes ont fait feu. Il se serait alors mis à l’abri sous les tables, et - selon ses dires - saisi le regard d'une jeune femme agonisante. Il avait porté plainte, et même poussé le mensonge jusqu’à venir déjeuner dans le restaurant lors de sa réouverture en mars 2016.En réalité, Serge Dieujuste était dans son canapé en train de regarder France-Allemagne à la télévision. Devant la justice, il avoué la tentative d'escroquerie et présenté ses excuses.
A noter un profil psychologique fragile : l’homme a vécu l'attentat de la station Saint-Michel en 1995. Reconnu comme victime, il a reçu à ce titre plus de 108 000 euros du Fonds de Garantie des Victimes des actes de Terrorisme (FGTI).
« L'attentat de 1995 ne lui donne pas tous les droits », a pour sa part estimé le procureur, considérant qu’il avait menti « pour toucher à nouveau l'argent du FGTI ».Serge D : «Cet attentat m’a bousillé la vie. Depuis 95, je ne suis plus le jeune homme qui avait plein d’ambitions, ca m’a arrêté net ces attentats.» Serge D dit aussi qu’il regrette vraiment de s’être fait passer pour une fausse victime. Que ça l’empêche de dormir depuis 3 ans.
— Aude Blacher (@audeblacher) 9 avril 2019
Yann Abdelhamid Mohamadi, contredit par son propre avocat
Le deuxième homme condamné, Yann Abdelhamid Mohamadi, est gérant du Casa Nostra : une pizzeria également visée par les attaques. Il avait déjà été condamné en juin à six mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour avoir divulgué une vidéo de l’attentat.Assommé d'antidépresseurs, il a répondu avec difficulté lors de son audience, la voix et la mémoire visiblement hésitante. Il a répété qu’il se trouvait bel et bien dans « la cave » de son restaurant lors des coups de feu. Et ce, alors même qu’il avait expliqué ne pas avoir été sur place au cours de son dernier procès.Des propos que même son avocat a contredits. Evoquant un prévenu traumatisé, ce dernier a demandé en vain une expertise psychiatrique, et annoncé que son client ferait appel.
Au total, une quinzaine de personnes ont déjà été condamnées pour des affaires d’escroquerie liées aux attentats du 13 novembre 2015, responsables de la mort de 130 personnes.Avocat partie civile : «Il n’y a rien dans le dossier qui puisse alerter sur une altération du discernement. Il n’y a pas de certificat médical. Les antidépresseurs n’ont pas de conséquences sur l’altération de la vérité !» «Du discernement !» précise l’avocat de Yann Mohamadi.
— Aude Blacher (@audeblacher) 9 avril 2019