Adoption : un célibataire porte plainte pour discrimination

Depuis dix ans, son dossier n'a jamais été retenu. Selon lui, sa situation familiale est la raison invoquée par la préfecture pour lui refuser d'adopter un enfant français.

Dix ans qu’il se bat. Alors qu’il regroupe tous les critères d’accueil nécessaires, Hédi Sfaxi n’a jamais été sélectionné pour adopter un enfant français. Le motif selon lui ? Sa situation familiale. À 55 ans, l’homme est célibataire. Ce 23 juillet, il a alors décidé de déposer plainte pour discrimination en raison de la situation de famille. "On m’a toujours dit que ce n’était pas la peine d’espérer adopter en France", explique celui qui a déjà adopté un enfant vietnamien en 2006.  

"Les dossiers monoparentaux ne sont pas présentés par la préfecture aux conseils de famille", les organes chargés de donner un avis dans l’attribution d’un foyer à un enfant. Le déclic est venu il y a deux ans pour Hédi Sfaxi : "Je pensais faire partie d’une minorité. Et j’ai découvert que 30% des personnes à avoir un agrément en cours sont des célibataires". Pour l’homme de 55 ans, la problématique ne concerne pas seulement Paris et s’étend à toute la France. "Je n’ai plus honte à parler de discrimination. Les dossiers ne sont jamais présentés, et ça c’est contraire à la loi", poursuit-il.

En 2019, Hédi Sfaxi a rencontré le directeur départemental de la cohésion sociale. Ce dernier lui aurait confirmé la pratique: "Il m’a affirmé que cela faisait jurisprudence".

Les couples hétéro parentaux privilégiés

En portant plainte au parquet de Paris, le père de famille espère alors faire parler de sa cause. Un combat qui fait écho à un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Ce dernier révélait les discriminations dont les couples homosexuels et les célibataires sont victimes lors d’une procédure d’adoption. Ainsi, en Seine-Maritime, il existe une "règle tacite privilégiant les couples hétéro parentaux", selon l’étude. Et ce malgré l’adoption d’une charte de déontologie pour les conseils de famille.

"Je suis un assez bon père pour enfant vietnamien, mais pas assez bon pour un enfant français ? Les enfants vietnamiens ont moins de valeur que les enfants français ? La réponse à ces deux questions est intolérable et les potentiels parents doivent tous avoir la même valeur", plaide Hédi Sfaxi. Celui-ci dénonce également la vision des conseils de famille pour lesquels les foyers monoparentaux "sont souvent en difficulté" et créent un "traumatisme" chez l’enfant adopté.

"Mon but, c’est que les dossiers soient systématiquement présentés et que la loi soit appliquée par les conseils. L’idéologie ne doit pas influer sur leurs fonctions. Il faut que les choses changent", martèle Hédi Sfaxi.
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