Les associations et les clubs sportifs parisiens vont pouvoir reprendre l'entraînement des mineurs

La préfecture de Paris vient de revenir sur sa décision d'interdire les activités sportives en salle pour les jeunes inscrits dans les associations. Vendredi soir la publication d'un arrêté préfectoral semait le trouble dans les clubs sportifs parisiens. Retour sur un week-end cacophonique.

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C'est une bonne nouvelle pour les associations et les clubs sportifs. La préfecture de police de Paris vient tout juste de publier un arrêté rectificatif les autorisant à recevoir les mineurs. Pierre Rabadan, élu en charge des Sports à la mairie de Paris se félicite aujourd'hui de ce qu'il appelle "une précision" de l'arrêté préfectoral. "Dès samedi, nous avons demandé fermement que les mineurs puissent reprendre leurs activités sportives dans les clubs. Il y avait une incohérence entre le discours ministériel et son application préfectorale parisienne. Les parents étaient inquiets, tout comme les associations sportives. Nous sommes soulagés aujourd'hui", explique-t-il. 

La mairie de Paris souhaiterait que le ministère des Sports et la préfecture rouvrent également les créneaux associatifs pour les adultes en fonction du sport pratiqué et des équipements utilisés, tout en respectant les mesures sanitaires. Pierre Rabadan souligne que les clubs sportifs ne sont pas des lieux de contaminations. 

Retour sur un week-end plus que confus

Le décret préfectoral d’application des mesures sanitaires publié tardivement vendredi soir interdisait les pratiques sportives en salle pour tout le monde, jeunes y compris sauf sur le temps scolaire et périscolaire. Une décision incompréhensible par la mairie de Paris et qui prenait de cours les associations sportives. Car si les nouvelles mesures sanitaires annoncées le 23 septembre dernier par Olivier Véran, le ministre des Sports, étaient claires et interdisaient dans "les zones d’alerte renforcée" la pratique du sport en salle, des négociations avaient laissé entendre que les clubs pourraient continuer à accueillir les enfants et les adolescents dans les gymnases. 

Samedi matin les gymnases municipaux ouvraient puis refermaient leurs portes en catastrophe. Des entraînements étaient brutalement interrompus et les parents prévenus à la dernière minute, dans le meilleur des cas. En pleine période de réinscriptions, pour les associations sportives parisiennes, cette décision était lourde de conséquences.

"Confusion, situation ubuesque, incompréhension, perplexité"... La mairie de Paris et les associations sportives ne mâchaient pas leurs mots à la suite de la publication du décret de la préfecture de Paris.

"Après plusieurs informations contradictoires au sujet des nouvelles mesures de restrictions liées à l’épidémie de COVID-19, le décret du préfet de Paris nous a été envoyé vendredi 25 septembre à 20h00, pour une prise d’effet à partir du… 26 ! Ce préfet a donc décrété la fermeture des gymnases pour les associations et clubs parisiens même pour les mineurs, contrairement à l’ensemble des autres départements d’Ile-de-France",  peut-on lire sur le site internet du Judo club Bolivar.

Joint par téléphone, samedi matin, Pierre Rabadan, élu en charge du Sport à la mairie de Paris expliquait ne pas comprendre ce retour en arrière." La situation est confuse, c’est le moins que l’on puisse dire. Selon les échanges que nous avions eu hier (vendredi, ndlr) avec les ministères concernés, la pratique sportive en intérieur devait être autorisée pour les scolaires, les périscolaires, mais aussi pour les mineurs inscrits en club. Et il se trouve que dans l’arrêté qu’a pris le préfet de Paris, la mention qui permet aux mineurs de faire du sport en salle n’apparaît pas. Cela nous a obligé à nous mettre en conformité avec l’arrêté et fermer les gymnases et les salles de sport municipales ce matin samedi. Les enfants, les parents trouvent des portes closes et ne comprennent pas. Comme nous, ils avaient vu qu’il devait y avoir une exception pour les mineurs ce qui est le cas pour les départements limitrophes de Paris", explique l’ancien international de rugby .

Une décision préfectorale incohérente selon les clubs

Faire du judo à Suresnes, c’est possible, mais à Paris, c’est interdit
 

Frédéric Hurier, Judo Club Bolivar

Frédéric Hurier, un des professeurs diplômé de Judo au Judo Club Bolivar ne décolère pas. "C’est incompréhensible", s’exclame-t-il.  "Suite aux négociations entre la mairie, le préfet et les Fédérations sportives on nous a laissé entendre qu’il y avait eu des assouplissements par rapport aux annonces d’Olivier Véran et que les gymnases allaient pouvoir rester ouverts aux associations et clubs sportifs pour recevoir des mineurs. La Fédération s’est félicitée d’avoir obtenu de pouvoir continuer la pratique du judo en club. La mairie a également communiqué sur le fait que les mineurs pourraient continuer à pratiquer. Nous étions soulagés. Puis le décret a été publié. Nous l’avons reçu vendredi soir. Comment prévenir les parents, la veille pour le lendemain ? On a pas les moyens de prévenir tous les parents car nous sommes en pleine phase d’inscriptions, on a des cours d’essai. Nous n’avons même pas eu 24 heures pour nous retourner" !

Et de poursuivre : "Les gymnases sont ouverts aux groupes scolaires et périscolaires. Mais pas aux associations et aux clubs. C’est totalement incohérent, un enfant peut faire du judo sur le temps périscolaire mais pas en club encadré par un moniteur qui a un brevet d’état, argumente-il.

Même son de cloche pour Dhakouane Ennifar, président du SCNP, le Sporting Club Nord Parisien, un club de volley du nord-est de la capitale aux bons résultats sportifs : "Ce que je trouve incompréhensible, c’est que nous avons fait des efforts pour mettre en place des mesures sanitaires. On a l’impression que nous sommes punis", déclare-t-il.

"Que fait-on on des équipes qui jouent en national et qui évoluent en championnat et vont se retrouver face à des équipes qui continuent à s’entraîner ? Le sport de haut niveau est autorisé mais on ne sait pas ce que représente ce haut niveau ? Que fait-on des sections sportives, les sport études que nous encadrons ? Que fait-on des sections loisirs ? On a beaucoup d’adhérents qui jouent en loisirs et qui font vivre financièrement le club. 

Et puis nous avons également une vocation sociale au club. Nous encadrons des jeunes. Nous sommes dans un quartier politique de la ville. Nous voulions mettre en place de l'aide aux devoirs. Que vont faire les jeunes ? Ils vont se retrouver dans la rue alors que nous leur donnons un cadre. Cela est désolant"
, ajoute-t-il.

Conséquences sur l’avenir des clubs sportifs

Les conséquences économiques pourraient être lourdes pour les associations sportives dont les budgets restent fragiles et qui voient leurs subventions réduites chaque année.  

"Sur la saison 2019-2020, on n'a que peu pâti du confinement car tout était payé et on a été mis au chômage partiel. Mais cela s’est fait au détriment des adhérents. Le club n’a pas été en mesure de rembourser les 2 mois et demi de judo perdus. Les adhérents se sont montrés globalement compréhensifs. En revanche la situation financière est fragile pour la saison 2020-2021. Pour fonctionner et pour rattraper le déficit de l’an dernier, il nous faut un nombre minimun de licenciés. Avec cette nouvelle restriction, on a très peur de ne pas atteindre ce nombre. Si le club n’a pas 250 adhérents, on risque la faillite ou alors il faudra licencier", témoigne Frédéric Hurier.

"Entre les inquiétudes des parents liées aux craintes de contamination, ceux qui se disent que ce n’est pas la peine de s’inscrire vu les risques de confinement et ceux qui devaient s’inscrire et qui ne vont pas pouvoir le faire et vont se tourner vers une autre activité, on s’attend à une chute de nos adhésions", explique-t-il.
 

Je suis inquiet pour la survie du club

Dhakouane Ennifar, directeur du SCNP


Dhakouane Ennifar se dit également inquiet pour l’avenir du club. "J’ai des craintes pour mes 2 salariés. Vais-je devoir les mettre au chômage technique ? Il faut avoir un plan B. Sans aides financières, les clubs vont mourir tout simplement. Nous avons 300 adhérents alors que les inscriptions ne sont pas finies. On partait sur les chapeaux de roue. On nous coupe l’herbe sous les pieds. Louer un gymnase a un coût, tout comme les engagements auprès des fédérations. Il faut rappeler que les subventions baissent chaque année et ne sont pas élevées. Cela remet en cause tout un système. Si les adhérents se retirent et nous demandent de les rembourser… Je suis inquiet pour la survie du club".

Conscient des conséquences financières pour les clubs sportifs, la mairie de Paris a affirmé samedi faire tout son possible pour obtenir des assouplissements auprès de la préfecture de Police. "Nous n’avons eu aucune remontée de clusters provenants des clubs sportifs. Nous ne prendrons aucun risque de santé publique, certaines pratiques peuvent être faites sans aucun risque dans les gymnases. Je ne comprendrais pas pourquoi les décisions seraient différentes à Paris et dans les départements limitrophes. C’est incompréhensible, en Île-de-France, la situation sanitaire est la même dans tous les départements de la petite couronne," explique Pierre Rabadan.

 


 
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