Attaque près des anciens locaux de Charlie Hebdo : "Nous avons une multitude de cibles désignées"

Deux experts du terrorisme pointent le contexte particulier dans lequel a eu lieu cette attaque alors qu'a lieu le procès des attentats de Janvier 2015 et les menaces répétées d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

"Il y a eu plusieurs attentats déjoués" ces derniers mois, "une demi-douzaine au moins, sur lesquels je préfère ne pas trop m'étendre", affirmait Jean-François Ricard sur franceinfo il y a à peine un mois, fin août dernier.

L'attaque qui a eu lieu ce vendredi 25 septembre en fin de matinée a cruellement confirmé ces propos et rappelé que des menaces pèsent bien sur la France. Deux personnes ont été blessées, dont une gravement, par au moins un individu muni d'une arme blanche, rue Nicolas Appert, dans le XIe arrondissement de Paris.

"Cette rue Nicolas Appert, ce quartier, ont été symboliquement baptisés place de la liberté d'expression. Oui, probablement, les terroristes qui ont agi, ont voulu s'attaquer à la liberté d'expression", pense Mohamed Sifaoui, journaliste et directeur de la publication d'Islamoscope.tv.

Car cette rue abritait les anciens locaux de Charlie Hebdo. S'y trouvent encore ceux de la société de production Premières Lignes (qui travaille notamment avec l'émission Cash Investigation sur France 2). Ce sont deux salariés de l'entreprise qui ont d'ailleurs été agressés, un homme et une femme âgés d'une trentaine d'années alors qu'ils fumaient une cigarette en bas de l'immeuble.

"Nous avons une multitude de cibles désignées et nous savons que les terroristes font avec ce qu'ils ont, avec les moyens dont ils disposent et vont au plus facile et à l'opération qui va avoir un retentissement médiatique qui va permettre de parler d'eux à nouveau", poursuit l'expert. 

Regain de menaces

Ces attaques interviennent alors qu'a lieu le procès des attentats de Janvier 2015 depuis début septembre. 14 personnes (dont trois sont absentes) sont jugées accusées d'être impliquées, à des degrés divers, dans les attentats dirigés contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes.

"La republication des caricatures a eu pour conséquences un regain des menaces au niveau international avec AQPA en particulier, qui avait revendiqué l'attaque des frères Kouachi. On sent une tension vive au sein des cercles islamiques endogènes, ici en France, depuis quelques semaines, en raison de ce contexte général. On sent un regain d'activisme au sein de cette mouvance qui se manifeste par une présence accrue dans l'espace public, une virulence, des tentatives d'intimidation, des menaces de mort, y compris sur des parties prenantes au procès et d'anciens membres de Charlie Hebdo."

Certaines personnalités, comme Yannick Haenel qui couvre le procès pour Charlie Hebdo, bénéficient désormais d'une protection policière.

Car depuis l'ouverture du procès, l'organisation terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique a menacé plusieurs fois la France. "Il y avait eu deux choses dans les communiqués d'AQPA : un appel à attaquer la France en général et Charlie Hebdo en particulier. Et un message de soutien à l'égard des accusés, ceux qui sont dans le box et qui vont devoir rendre des comptes", indique Jean-Charles Brisard.

Des menaces liées au contexte actuel, mais qui devraient se poursuivre selon Mohamed Sifaoui. "Avant les États-Unis étaient une cible prioritaire. Désormais, cette place est occupée par la France".

Le procès des attentats de Paris durera au moins jusqu'au 9 novembre prochain, date de délibération de la cour d'assises spéciale.
 
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