Une épidémie de bronchiolite refait surface depuis quelques semaines dans la région francilienne. Catherine Turberg-Romain, pédiatre à Paris et membre de la Société Française de Pédiatrie, répond aux questions de France 3 Paris Île-de-France au sujet de cette maladie respiratoire.
L'Île-de-France connaît depuis plusieurs semaines une recrudescence des cas de bronchiolite, une maladie infantile qui touche principalement les enfants de 0 à 3 mois. Après une disparition relative de l'épidémie en 2020, la pédiatre Catherine-Turberg-Romain explique les raisons du regain de cette maladie respiratoire ainsi que les symptômes à surveiller pour les parents.
Quels sont les signes avant-coureurs d'une bronchiolite ?
Catherine Turberg-Romain: L'arrivée du virus chez les bébés, les jeunes enfants ou encore les adultes se traduit par une rhinite. L'enfant a alors le nez bouché est est sujet à des éternuements fréquents Elle est souvent caractérisée comme une rhinite obstructive qui encombre les bronches du patient et donne une bronchiolite. Il s'agit donc d'une maladie respiratoire qui se traduit par une obstruction des bronches et qui touche principalement les enfants de 0 à 3 mois de manière grave.
Que peuvent faire les parents par prévention ?
Catherine Turberg-Romain: Il faut éviter de sortir les nourrissons dans des endroits où il y a du monde comme les soirées entre amis. Les adultes peuvent être porteurs du virus et contaminer les enfants. Il s'agit donc d'éviter les contacts trop rapprochés et les bisous. Cela concerne également les frères et sœurs plus grands qui peuvent également transmettre aux petits. La contamination passe par le nez. On recommande également de moucher les enfants régulièrement afin d'éviter l'obstruction des bronches. Une alimentation saine est aussi à préconiser à titre préventif.
Pourquoi cette maladie touche-t-elle prioritairement les enfants de 0 à 3 mois ?
Catherine Turberg-Romain: À cet âge-là, les enfants ne peuvent pas se moucher seul. Leurs bronches s'encombrent donc plus rapidement que celles d'autres enfants ou des adultes. Ceci se traduit par une hypersécrétion au niveau du larynx. Cet encombrement met à mal leur faculté à respirer correctement. De plus, leurs bronches sont beaucoup plus fines que celles des adultes et le virus touche donc plus facilement leurs bronchioles en empêchant les échanges avec le sang. Leurs poumons qui servent à prendre de l'oxygène et évacuer le gaz carbonique fonctionnent moins bien du fait du virus.
Comment traiter le virus une fois diagnostiqué ?
Catherine Turberg-Romain: Le mouchage de l'enfant reste une partie importante du traitement. Ceci permet d'enlever les glaires qui descendent dans les bronches Certains, entre 0 et 3 mois sont admis en réanimation afin de retrouver une oxygénation normale. Ce sont des cas graves et rares. Enfin, il est judicieux en période de traitement de faire dormir les enfants de manière inclinée pour fluidifier la respiration. La kinésithérapie n'est pas efficace contre la bronchiolite, les parents doivent consulter prioritairement un médecin généraliste ou un pédiatre en cas d'infection de l'enfant.
Quelles sont les raisons de la recrudescence du virus ces dernières semaines ?
Catherine Turberg-Romain: Durant toute la période des confinements, il y a eu très peu d'échanges entre les personnes. Cette situation a créé une dette immunitaire. Ainsi, les gens ont arrêté de développer des anticorps contre la bronchiolite. Il est également probable que les femmes enceintes aient eu très peu d'anticorps. Cette dette a donc fragilisé es bébés nés durant ces derniers mois. De manière générale, la population a peu d'anticorps contre la bronchiolite donc le virus ne cesse d'avancer, car très peu de personnes ont été malades lors de la dernière année.