Sensibiliser aux sciences économiques à travers l'art, le jeu et la culture. Au sein de l'hôtel Gaillard dans le XVIIème arrondissement de Paris, la Cité de l'économie a pour objectif de faire découvrir une autre manière d'apprendre l'économie.
Le lieu n'a pas été choisi au hasard. L'hôtel particulier Gaillard, dans le quartier de Malesherbes (XVIIème arrondissement) appartenant à la Banque de France depuis le début du XIXe siècle. En témoigne l’écriteau imposant à l’entrée du bâtiment mentionnant le nom de l’institution bancaire fondée par Bonaparte. Tout un symbole pour vulgariser les sciences économiques !
Une mission que la Cité de l'économie assure sans interruption depuis son ouverture en 2019.
"La science économique est enseignée à partir du lycée, et jusqu’à présent il n’y avait pas de lieu culturel dédié pour l’ensemble des classes de France pour comprendre cette discipline, contrairement à d’autres domaines", explique Philippe Gineste, directeur de Citéco.
"Troisième architecture"
Le musée dispose d'un sacré atout pour attirer le public : son bâtiment. De style néo-Renaissance et construit au XIXème siècle, l'hôtel Gaillard est classé au titre des monuments historiques. Plusieurs époques y cohabitent. Cela vient des multiples vies qu'a connu le bâtiment… en un siècle et demi.
La première commence entre 1878 et 1884. L’hôtel est d’abord la demeure d’Émile Gaillard, banquier-entrepreneur passionné d’architecture Renaissance, mais aussi mécène et grand collectionneur. La deuxième vie débute dès 1923, lorsque le bâtiment devient une succursale de la Banque de France au service des entrepreneurs et des épargnants du quartier de la plaine Monceau, alors en pleine expansion. Elle a fonctionné jusqu’en 2006.
Le bâtiment a également été réquisitionné comme hôpital de campagne durant la Première Guerre mondiale. La troisième vie, c'est lorsque Citéco y a pris ses quartiers.
Ainsi, lors de la visite, les boiseries anciennes inspirées des châteaux de la Loire côtoient les guichets de l’ancienne banque et les écrans larges et autres outils numériques d’aujourd’hui. Illustration dans la salle de bal où la cheminée d’époque est toujours là, et dans la grande salle des guichets.
"Ce lieu marche sur deux jambes. La première, c’est un monument historique qui prend toute sa place dans Paris, témoin d’une intention de reconstruction d’un rêve néogothique de la fin du XIXème siècle. La seconde, c’est l’intention pédagogique et éducative envers les publics scolaires et les familles qui souhaitent mieux comprendre le monde qui les entoure", confie Philippe Gineste.
Et pour cela, la Citéco propose tout un panel d’activités pour faciliter la compréhension et l' apprentissage de l’économie.
Jeux, manipulations, interactivité avec l’économie
L’offre et la demande, la concurrence, le chômage, les crises économiques, l’économie souterraine, le pouvoir d’achat… Des notions qui peuvent paraître abstraites. Grâce à des films, des vidéos explicatives et des jeux, Citéco propose tous les éléments pour les appréhender.
"L’idée est de faire en sorte que les publics puissent, par eux-mêmes, avec une exposition interactive où il faut jouer et manipuler, se mettre en relation avec un savoir qui vous est proposé. Par le jeu, vous apprenez peut-être plus facilement les contenus que par des livres", explique Philippe Gineste, directeur de Citéco.
L’établissement offre aussi de nombreux autres divertissements. Par exemple, dans la salle des coffres. Il est offert aux visiteurs la possibilité de toucher un véritable lingot d’or, et même d’avoir recours au "photobifton", un photomaton vous permettant d’avoir votre visage sur un billet de banque.
La salle des coffres abrite également des collections de la Bibliothèque nationale de France et de la Banque de France. Le public reste en moyenne 2h30 dans le parcours. "Pour un lieu culturel, c’est (une durée) tout à fait importante. Cela montre que le public s’y sent bien et à envie de profiter de rester et profiter de la qualité de ce qui lui est proposé", estime Philippe Gineste.
Aux abords de la salle des coffres, on trouve également d'anciennes douves qui ont depuis été vidées. Elles avaient été bâties pour empêcher les cambriolages.
Ateliers, conférences et expositions
Le musée organise également des visites et des ateliers animés par des médiateurs et des médiatrices, notamment à destination des plus jeunes – en général, les scolaires, de l’école élémentaire aux lycéens. Au programme aujourd'hui : l'atelier "Négocier et décider."
Accompagnée par deux professeurs, une classe de BTS Communication se prête au jeu. Les 19 étudiants sont scindés en deux groupes. D’un côté les acheteurs, de l’autre, les vendeurs. Objectif : obtenir la meilleure négociation sur l’achat ou la vente d’un produit. Les étudiants jouent le jeu, s’investissent, parfois même jusqu’à hausser le ton pour tirer le meilleur profit ! "Ces ateliers sont une super idée. Tout ce qui est interactif, c’est super pour eux", nous confie l’une des deux professeurs.
Il faut toujours trouver de procédés amusants pour aborder d’économie et s’en détourner un peu pour y revenir.
Aurélie Passerel, programmatrice au sein de la Cité de l'économie
Des conférences, des spectacles vivants sont également organisés. Ils sont effectués par des programmateurs et programmatrices au sein même du musée et/ou avec l’aide d’acteurs extérieurs, comme des artistes ou des associations. Ces programmes sont, en revanche, plus destinés aux jeunes étudiants et actifs.
"Notre mission est de faire rentrer l’économie dans un fond culturel et artistique pour qu’elle devienne amusante, nous permette de nous questionner. Au sein du service de la programmation, on doit diversifier les approches", explique Aurélie Passerel, programmatrice au sein de l’établissement. "Il faut toujours trouver de procédés amusants pour aborder d’économie et s’en détourner un peu pour y revenir", ajoute-t-elle.
Citéco propose des expositions temporaires. Actuellement, c’est Simone Veil qui est mise à l’honneur jusqu'au 31 octobre 2022.
L’ensemble des autres animations, ateliers et conférences organisées par le musée sont à retrouver sur son site internet.