Vidéo de décapitation, alerte à la bombe... Des lycées franciliens menacés suite à un piratage informatique

Une trentaine établissements franciliens ont été visés par des menaces terroristes suite au piratage de comptes ENT, les espaces numériques de travail. L'auteur du message dit parler au nom de l'Etat Islamique. Le conseil régional d'Île-de-France a porté plainte.

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"Demain, je ferai exploser l'établissement tout entier." Les professeurs et élèves de plusieurs lycées franciliens ont reçu ce message mercredi soir sur leur Espace Numérique de Travail (ENT). Ce mail anonyme détaille le "projet" d'un individu qui dit parler au nom de l'Etat Islamique. L'individu affirme passer à l'acte ce jeudi entre 11 et 15 heures. Une vidéo de décapitation a également été envoyée.

"Le ou les auteurs auraient piraté une adresse mail d'un élève afin de diffuser le message et une vidéo de décapitation sur toutes les boîtes", a précisé une source policière.

Au moins une trentaine d'établissements franciliens, dans différents départements, Val-d'Oise, Yvelines, Hauts-de-Seine et Paris serait concernée d'après le ministère de l'Education. Des lycées ont reçu des "menaces" avec "apologie et provocation au terrorisme" depuis mercredi, soit "plusieurs infractions graves", a-t-il indiqué, condamnant ces "menaces graves".

"On a été extrêmement choqué, car la vidéo est d'une violence extrême"

Le lycée Paul Langevin à Suresnes dans les Hauts-de-Seine est l'un des établissements visés. "Tout le personnel du lycée et les élèves de chaque classe ont eu le message ce matin", nous explique une élève de seconde qui, prévenue par des amis, n'a pas regardé la vidéo.

"D'habitude, l'ENT ce sont des messages internes, mais là, j'ai compris que c'était un piratage, car le mail et la vidéo envoyés à tout le monde, venaient du compte d'un élève que je connais," poursuit-elle.

"Faire ça à des lycéens, c'est vraiment pour nous faire peur. Forcément quand on lit ce genre de message, dans un premier temps, on ne pense pas à la provenance. On ne s'interroge pas tout de suite si c'est vrai ou si c'est faux quand on nous dit que notre lycée va exploser à 11 heures. La première réaction, c'est que tout le monde panique", analyse-t-elle.

Des élèves du lycée Jean-Pierre Vernant à Sèvres dans les Hauts-de-Seine, ont également reçu le message dans leur ENT. Certains ont regardé la vidéo. "On a été extrêmement choqué, car la vidéo est d'une violence extrême", témoigne au micro de FTV une élève en classe de première.

"C'est un peu choquant, car on avait quand même un peu peur qu'il nous arrive quelque chose", assure-t-elle. "Nos parents nous ont demandé d'être extrêmement vigilants. Quand on est arrivé à 8 h, il n'y avait pas la police," déplore-t-elle.

Même son de cloche pour un autre lycéen : "Au début je le prenais comme une blague, assez à la légère, mais plus le temps passait, plus je me disais que cela pouvait être vrai, il y avait 50 % de chance que cela soit faux, un canular, mais 50 %, que cela soit vrai. Je me suis dit qu'il y allait avoir la police pour nous protéger mais une fois arrivé, la police n'était pas présente. C’était un peu comme un manque de respect d'une certaine manière, car on nous avait promis une protection, mais elle n’était pas là."

Tous les élèves et le personnel du lycée Jean-Monnet de Franconville (Val-d'Oise) ont reçu aussi ce même message "menaçant l'établissement d'une attaque terroriste pour le jeudi 21 mars 2024", a indiqué une source policière. Ce mail était "accompagné de liens donnant accès à une vidéo montrant des individus se faire décapiter".

En Seine-et-Marne, au lycée Jean-Moulin de Torcy, un message a été "envoyé sur les réseaux sociaux indiquant que du C4 (une variété d'explosifs, Ndlr) était dissimulé dans l'ensemble de l'établissement au nom d'Allah", selon une autre source policière.

Le conseil régional porte plainte

Suite aux menaces, l'ENT a été entièrement suspendu indique le conseil régional. Des brigades régionales de sécurité ont été mobilisées pour effectuer des levées de doutes. Valérie Pécresse, présidente de la région a indiqué porter plainte auprès du Pnat, le parquet antiterroriste.

Sur X, le groupe Socialiste, Ecologiste et Radical au Conseil régional a indiqué qu'une de ses élues, Dieynaba Diop, également professeure de français à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines avait reçu ce même message. Le groupe indique apporter tout son soutien "aux élèves, au corps enseignant" ainsi qu'aux proviseurs et aux parents d'élèves.

 

Contacté par France-Info, le ministère de l'Education dit prendre la menace très au sérieux et faire le nécessaire pour s'assurer de la sécurité des élèves. Des services d'enquête spécialisés ont été mobilisés et travaillent à identifier le ou les auteurs.

L'Éducation nationale "s'assure par ailleurs qu'il n'y a pas de compromission des réseaux du fait de l'envoi de ces messages parfois sur des réseaux internes".

Le ministère propose un accompagnement psychologique à tous les enfants ou adultes qui ont visionné malgré eux les vidéos choquantes.

Une réunion interministérielle sur la sécurité des établissements scolaires doit se dérouler ce jeudi après-midi en présence du Premier ministre Gabriel Attal, de la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet, et du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.

Ouverture d'une enquête

Deux plaintes concernant des cyberattaques au préjudice d’ENT parisiens ont été déposées selon le parquet de Paris. Une enquête a été ouverte des chefs d’accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, et introduction frauduleuse de données, précise la parquet.

La BL2C (Brigade de lutte contre la cybercriminalité, de la direction de la police judiciaire parisienne) a été saisie des investigations.

Le parquet de Paris procède au rapprochement avec des faits similaires dont sont saisis d’autres parquets, afin d’envisager une éventuelle centralisation si des recoupements étaient avérés.

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