Enfants voleurs du Trocadéro : un procès en décembre pour traite d'êtres humains aggravée

Six ressortissants algériens comparaîtront en décembre à Paris pour traite d'être humains aggravée, soupçonnés d'avoir, près de la Tour Eiffel, initié à l'usage de psychotropes des mineurs isolés étrangers pour mieux les pousser à voler.

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Ce procès, qui se tiendra au tribunal correctionnel de Paris les après-midi des 14, 15, 19 et 20 décembre, est "important", a réagi auprès de l'AFP Guillaume Lardanchet, directeur de l'association Hors La Rue, qui repère et accompagne les enfants et adolescents étrangers en danger. 

Les six hommes, âgés de 23 à 39 ans, jugés en décembre, comparaîtront également pour trafic de stupéfiants, psychotropes et recel de vols, a appris l'AFP mardi de source proche du dossier. Un septième sera jugé pour trafic de psychotropes et recel de vol de mars à mi-juin 2022, mais pas pour traite.

Des gamins " sous emprise chimique"

"Ces gamins ne sont pas des angelots, mais ce sont des victimes. Et on ne lutte pas efficacement contre les troubles à l'ordre public si on réprime les victimes. Il faut les protéger, en leur permettant d'accéder à leurs droits, à des foyers de protection de l'enfance...", a poursuivi M. Lardanchet."Si ces mineurs commettent des délits, c'est sous la contrainte et sous emprise chimique. Ce prisme est le bon: il faut se concentrer sur ceux qui contraignent et qui font obstacle aux actions de protection de ces enfants. Ce sont eux les délinquants dangereux et pas l'inverse", a commenté Me Céline Astolfe, avocate de l'association.

"Jusqu'à présent, les enquêtes se contentaient d'arrêter les mineurs. Pour une fois, la justice remonte jusqu'aux personnes qui exploitent ces mineurs", a aussi estimé Kathleen Taieb, avocate habituée des affaires de traite, qui défend un enfant dans ce dossier. Ce procès doit "permettre de changer le regard de la société sur ce phénomène, mais aussi des mineurs eux-mêmes, qui ne se considèrent pas comme des victimes", espère-t-elle.

Parcours d'errance

L'ordonnance de renvoi, rendue le 10 novembre et dont l'AFP a eu connaissance, a suivi les réquisitions du parquet, soulignant le "parcours d'errance" de plusieurs dizaines d'enfants, dont 17 identifiés par les enquêteurs et âgés de 8 à 16 ans. Un "périple" allant de leur "traversée de la Méditerranée" depuis le Maroc ou l'Algérie jusqu'à la Tour Eiffel.

Là, sur le parvis du Trocadéro, les six adultes âgés de 23 à 39 ans sont accusés d'avoir initié les mineurs aux psychotropes "gratuitement, dans un premier temps", détaille la juge d'instruction.
"Ils m'ont dit: +Tiens, prends ça, ça va te faire du bien+", affirme un Marocain de 10 ans, cité dans l'ordonnance. "J'ai pris un demi-comprimé de Rivotril et après j'ai continué, continué, continué". Des doses qui le "poussent à voler" les touristes "et même à être violent".

Le Trocadéro sous l'œil des enquêteurs

La combinaison des psychotropes Rivotril et Lyrica provoque "une dissociation totale du corps et de l'esprit des jeunes consommateurs", souligne la magistrate, qui y voit une "opération de recrutement" des adultes pour créer "une forte dépendance" des enfants à leur égard, afin "d'en tirer un bénéfice financier".

Les investigations, fondées notamment sur des surveillances physiques, ont montré que le parvis du Trocadéro était "réparti" entre joueurs de bonneteau, vendeurs à la sauvette et voleurs mineurs. Ces derniers occupaient "les escaliers centraux", sous l'œil des majeurs "légèrement en retrait". Les adultes sont accusés de s'être approvisionnés en psychotropes à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis et dans le nord de la capitale, notamment à Barbès. Sollicités, les avocats en défense n'avaient pas répondu dans l'immédiat.

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