Frédéric Valletoux, président de la fédération hospitalière de France, et Martin Blachier, médecin spécialisé en santé publique, font le point dans Dimanche en politique ce dimanche à 11h25 sur France 3 Paris Île-de-France.
Dimanche en politique balaie l'actualité politique régionale avec Frédéric Valletoux, président de la fédération hospitalière de France et maire (Agir) de Fontainebleau (Seine-et-Marne), et Martin Blachier, médecin spécialisé en santé publique.
Des hospitalisations en hausse Mercredi 5 janvier, les chiffres de l’ARS Ile-de-France faisaient état d’une hausse vertigineuse des hospitalisations en raison de la Covid-19. 3740 la semaine passée, ils étaient désormais plus de 4800 hospitalisés en Ile-de-France. Quant à la réanimation, 767 lits étaient occupés contre 721 une semaine plus tôt.
Alors l’épidémie est-elle hors de contrôle ? Pour Martin Blachier, médecin spécialisé en santé publique, l’épidémie n’est effectivement pas contrôlée par les mesures actuelles. "Le variant omicron est une vague sur la vague, ou dans la vague, et qui n’a rien à voir avec la vague delta, qui elle, est beaucoup plus sérieuse. Elle envoie toujours des patients en réanimation, et se termine lentement. La vague omicron, elle, se rajoute. Elle entraîne aussi des hospitalisations, certes en général assez légère, mais importantes en nombre".
"Sur les réanimations, on est en train de décélérer. Cela augmente encore, mais moins vite. Pour la partie hospitalière, on est au début du phénomène puisque on n'a pas atteint le pic Omicron. Et il faut 10 jours pour voir ses effet à l’hôpital", poursuit-il.
Cette arrivée de nouveau patients rend encore plus difficile les conditions de travail des soignants, d’autant plus que l’hôpital est lui aussi touché par un absentéisme en hausse, dû notamment aux arrêts de travail Covid.
"L’absentéisme atteint les 10-12 %, parfois plus dans certains hôpitaux, contre un absentéisme qui tourne plutôt habituellement autour des 7 ou 8 %", note Frederic Valletoux, le président de la fédération hospitalière de France.
"C’est le résultat de 2 ans de mobilisation, d’organisation faite et refaite, de vacances reportées … Cette fatigue accumulée chez les hospitaliers pèse donc aussi sur l’hôpital sachant qu’il ne faut pas oublier que l’hôpital a connu récemment des départs, et que de nombreux postes n’étaient déjà pas pourvus avant la crise. Il manquait 30% de médecins", ajoute-t-il.
Un milliard d’euros pour les tests au mois de décembre
Selon le journal les Échos, la trentaine de millions de tests réalisés au mois de décembre a coûté 1 milliard d’euros à la Sécurité sociale.
Pour Martin Blachier, "cette politique de test n’est pas très utile. Le milliard de test n’a pas suffi à freiner la vague Omicron. Non seulement ça coute très cher, mais cela paralyse le pays. Cette stratégie de 'tester-tracer-isoler' n’est pas adaptée à la vague omicron. Ce qui se passe, c’est que l’on a deux phénomènes en même temps : on a gardé les habitudes de la vague delta et par-dessus arrive la vague Omicron qui n’a plus rien à voir avec les vagues précédentes".
Mais pour Fréderic Valletoux, "ce sont ces tests qui permettent de savoir quel est le variant qui est derrière une contamination. On n’a pas dépensé un milliard pour Omicron. Mais bien un milliard pour le Covid. S'il ne reste qu'Omicron, il faudra, bien sûr, ajuster notre stratégie".
Passe vaccinal ou obligation vaccinale ?
Pour Fréderic Valletoux, le passe vaccinal aurait dû arriver plus tôt : "À la fédération hospitalière de France, on plaide, depuis le début de la campagne de vaccination, pour la vaccination obligatoire des soignants. On y est arrivé. Et je plaide depuis longtemps pour la vaccination obligatoire en commençant par le public prioritaire".
"Le passe vaccinal c’est mieux que le passe sanitaire", abonde Matin Blachier. "Avec le passe sanitaire, on laissait rentrer des gens négatifs dans des endroits où ils pouvaient être contaminés. Maintenant, je pense que pour réellement s’en sortir, il faut rendre la vaccination obligatoire pour les personnes fragiles. Je ne suis pas sûr que le passe vaccinal y arrive. Les primo-injections aujourd’hui, ce sont essentiellement des gens entre 5 et 40 ans. Donc on verra si on maintient cette stratégie ou si l’on va vers de stratégies d’obligation vaccinale des plus vulnérables à l’italienne, ce qui me semble être la meilleure stratégie", conclu-t-il.