Dans un entretien au journal Le Figaro, la ministre de la Culture Rachida Dati a proposé de faire payer 5 euros l'entrée de la cathédrale Notre-Dame de Paris lors de sa réouverture le 8 décembre. Un revenu qui permettrait d'entretenir le patrimoine religieux français. Alors que le diocèse de Paris a rappelé la gratuité des églises, les touristes sont partagés sur le sujet.
"Maximum cinq euros, c'est bon. Au-dessus, c'est abusé". Irène, en visite à Paris, est d'accord pour participer à l'entretien du patrimoine religieux français en payant l'entrée de Notre-Dame. Cléria, sa fille, n'en voit pas l'intérêt. "Payer pour rentrer dans un lieu qui reste historique, ça n'est pas terrible. C'est une église, on peut y faire des offrandes, et cela devrait suffire à financer les travaux nécessaires."
Contrairement à la jeune fille, Fabienne, qui participe ce matin à une visite groupée du parvis de la cathédrale, est favorable à la proposition de Rachida Dati. "Mais je pense que ça doit concerner uniquement les groupes, comme au Vatican, pas les gens qui vont prier. Il faut cibler", précise-t-elle.
Une potentielle manne financière de 75 millions d'euros
Dans un entretien au Figaro, Rachida Dati, assure avoir proposé à l'archevêque de Paris l'idée d'un tarif symbolique pour toutes les visites touristiques de Notre-Dame et consacrer l'argent récolté à un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux.
La somme de cinq euros par visiteur générerait, d'après l'ancienne maire du 7ème arrondissement de Paris, "une manne financière de 75 millions d'euros" qui pourrait "sauver toutes les églises de France".
Pour cette rivale de toujours de la maire Anne Hidalgo, c'est aussi un moyen de proposer "une vraie rupture dans la politique tarifaire des établissements culturels".
Didier Ryckner, journaliste et fondateur du site La tribune de l'art, s'oppose fermement à cet argument financier. D'après lui, il faudrait plutôt que l'État prenne en charge cette récolte d'argent. Via la Française des Jeux par exemple. Ou encore via "la taxe de séjour qui est plutôt basse en France, en ajoutant 1 € par nuitée, afin que ceux qui viennent visiter la France pour son patrimoine, y participent". Un système qui pourrait financer le patrimoine à hauteur de 500 millions d'euros d'après les calculs du journaliste.
Une "idée" illégale ?
Pour Didier Ryckner, cette proposition est avant tout illégale. Il assure que la loi de la séparation de l'Église et de l'État de 1905 prévoit l'interdiction de rendre payante les accès aux lieux de culte.
Pour lui, comme la jeune Cléria interrogée dans la rue, "une église doit rester ouverte pour tout le monde, de ceux qui veulent juste visiter ou voir une œuvre ou ceux qui veulent simplement se recueillir." D'autant que le journaliste déplore qu'il n'y ait que très peu de lieux dans la capitale où les touristes puissent encore voir de l'art gratuitement.
Quant à la comparaison avec nos voisins européens, il est catégorique : "moi, personnellement, quand je visite l'Espagne et qu'on me fait payer très cher pour entrer dans une cathédrale, ça me dérange."
Par exemple, il faut débourser la somme de 33,80 € pour une entrée simple dans la célèbre Sagrada Familia, emblème de la ville de Barcelone, imaginée par l'architecte Antoni Gaudi.
La gratuité des Églises selon le diocèse de Paris
Le diocèse a rappelé dans un communiqué ce jeudi le principe de "gratuité du droit d'entrée dans les églises et les cathédrales", défendue par l'Église catholique en France. La gratuité se justifie, notamment, par la "mission" de l'Église d'"accueillir de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme", poursuit le diocèse.